Retour sur la 18ème édition de la JRES - Jeunesses populaires rurales et urbaines : même combat face aux inégalités éducatives ?
A l’occasion de la 18ème Journée du Refus de l'Échec Scolaire organisée ce mercredi 24 septembre, l’Afev a publié, en partenariat avec Trajectoires Reflex, l’Unaf et Rura une enquête menée auprès de 1507 lycéens de grandes/moyennes villes et de petites villes/milieu rural.
Des lycéens sous pression
Si les lycéens disent globalement se sentir bien au lycée, ils subissent, quel que soit leur lieu d’habitation, une forte pression scolaire (pour 70%) et sont stressés par ParcourSup (71 %). 58% disent s'inquiéter pour leur orientation et 45 % ne savent pas s’ils vivront mieux que leurs parents.
Un accès inégal aux études supérieures
Les lycéens veulent massivement poursuivre des études supérieures (81 %) mais leurs ambitions sont pondérées par des variables sociales et territoriales. Les jeunes de milieux favorisés visent des études longues (master / grandes écoles). Alors que les jeunes ruraux de milieu populaire se projettent davantage vers des filières courtes (BTS, IUT). A milieu social égal, les jeunes de milieu urbain se projettent, eux, davantage vers un master (55 % versus 38 % pour les jeunes en
rural).
Partir ou rester
69 % des lycéens envisagent de partir pour leurs études ou leur travail. Les jeunes de milieu rural - quel que soit leur milieu social - ont intégré le fait qu’ils devront partir pour étudier : 77 % se préparent à partir, contre 54 % des jeunes urbains de milieu populaire. Ceux-ci sont certes plus proches des universités mais n’ont ni les moyens ni le projet de décohabiter. A noter que parmi les jeunes ruraux qui se préparent à quitter le territoire, ce départ est subi pour 17 % d’entre eux.
Mobilité et clivage territorial
87 % des urbains trouvent leurs déplacements faciles contre seulement 55 % des ruraux. On notera la fragilité des 8 % des jeunes ruraux de milieu populaire qui, malgré leur dépendance à la voiture, disent ne pas avoir les moyens de passer le permis.
Des inégalités sociales renforcées par le territoire :
- Le milieu social est la variable la plus déterminante pour expliquer les différences de parcours et de projection des jeunes, plus encore que le lieu de vie. Toutefois, le territoire renforce les inégalités sociales :
Les jeunes ruraux rencontrent davantage de difficultés de mobilité et privilégient des parcours d’études supérieures plus courts (ce qui correspond à l’offre de formation de proximité) - Les jeunes urbains modestes subissent plus de discriminations (près d’une jeune sur deux) et font moins confiance à l’institution scolaire, et la police.
Agir pour lever les freins
Ces résultats montrent à quel point l’accompagnement des jeunes les plus fragilisés dans leurs parcours est indispensable, afin qu’ils ne soient pas entravés par une assignation sociale ou territoriale. Cet accompagnement des trajectoires, à lui seul, ne suffit pas. Il doit aller de pair avec un investissement plus fort des politiques des politiques publiques de
qualification et de revitalisation des territoires vulnérables – qu’il s’agisse des quartiers prioritaires urbains ou des espaces ruraux/ petites communes - notamment en termes d’offre éducative. C’est bien en agissant sur ces deux leviers que nous empêcherons que la géographie ne conditionne la vie des personnes.