Cruel paradoxe : c’est dès la maternelle que les inégalités scolaires apparaissent, précisément quand les enfants manifestent leur soif d’apprendre… Pour faire mentir les déterminismes, l’Afev propose un accompagnement étudiant auprès des enfants les plus fragiles, l’Accompagnement vers la lecture (AVL). L’objectif, faciliter le passage en CP. Cette action ludique s’inscrit dans la prévention de l’illettrisme. Peu à peu, en lien avec les parents et dans la bonne humeur, l’étudiant·e amène l’enfant à la maîtrise du langage en construisant son rapport au livre.
Le mentorat pour les petits : des jeux et des livres pour lutter contre les inégalités
Tous les enfants aiment qu’on leur lise des histoires. Mathilde, 25 ans, adore leur faire la lecture. Entre la jeune étudiante et Lia, la belle histoire a commencé il y a trois ans, lorsque l’école a présenté l’Afev aux parents de l’enfant pour leur proposer d’offrir un soutien régulier à leur fille. Quand elles se sont connues, Lia avait quatre ans et était en moyenne section de maternelle ; Mathilde, étudiante, en avait vingt-deux. « La première fois, on était tous stressés, Lia, ses parents et moi ! Mais en fait, le lien s’est fait très facilement et dans la bonne humeur. À ce jour, on est toutes et tous convaincu·es que l’accompagnement a porté et porte encore ses fruits. » Lia a fait énormément de progrès en autonomie et dans son expression orale. Aujourd’hui, elle est en CP et bien qu’elle sache lire désormais, aucune des deux n’imagine que ces rendez-vous réguliers puissent s’arrêter.
Lire en jouant et en parlant
Lia habite le quartier de Maromme, près de Rouen, et vit avec ses parents. Son frère et sa sœur sont aussi accompagnés par un mentor de l’Afev. Le père et la mère de Lia ont un rapport compliqué à l’école : « Pour eux, la lecture n’est pas quelque chose d’évident, explique Mathilde. Pourtant, ils font de leur mieux. Leur souhait, c’est que leurs enfants réussissent en classe, mais la maman écrit en phonétique, le papa ne lit pas et c’est la mère qui rédige toute la correspondance scolaire comme elle le peut. »
Mathilde a le sourire facile et communicatif. Ça tombe bien : depuis bientôt trois ans, avec Lia, elles ont mis au point leur routine de filles. Sorties culturelles ou ludiques, visites à la médiathèque pour choisir des livres, séances de jeu au domicile de Lia après avoir rapidement fait le point sur les devoirs. Au début, le livre était associé à l’école pour Lia et la perspective de la lecture était un moment difficile. Mais en privilégiant le lien, la relation a pris le dessus : « J’avais d’abord envie de connaître Lia et qu’elle me connaisse, tout simplement. Je n’ai jamais voulu la forcer, je lui ai juste expliqué que j’avais envie de lire avec elle. Je ne me suis pas imposé d’objectifs, je savais que mes trois heures de formation avec l’Afev me permettaient d’être naturelle. Et puis un jour, je lui ai dit : si tu sais lire les fiches de l’école, ça veut dire que tu sais lire ! La première fois qu’elle m’a lu un livre en entier, je ne sais plus laquelle d’entre nous était la plus heureuse. »
Comme Mathilde, mentore un enfant 2h/semaine !
Deviens mentorAujourd’hui, Lia va à la médiathèque une fois par semaine, c’est elle qui choisit les livres et qui en fait la lecture à Mathilde ! Lia aime les musées et les visites, récemment elles sont montées seules en haut du Gros Horloge à Rouen. Lia est très sociable et adore rencontrer des gens. « Elle est bien moins timide que moi, au point qu’une fois, grâce à elle, je me suis fait de nouveaux amis ! » rigole la jeune étudiante.
La force des liens
Peu à peu, un lien très fort s’est aussi tissé entre Mathilde et les parents de Lia : « Quand je n’ai pas le moral, ils le sentent et me posent des questions. L’an dernier, ils m’ont fêté mon anniversaire, un cadeau m’attendait quand je suis arrivée chez eux. J’étais tellement touchée », raconte Mathilde, encore émue à ce souvenir. Désormais, les deux filles ont leurs petits rituels : en février et en septembre, pour célébrer leurs anniversaires respectifs, elles se rendent au Café Moustache, le café préféré de Lia, où plein de chats vont et viennent. Elles dégustent un brownie et une grenadine en prenant leur temps… Elles se découvrent encore des points communs, une passion pour La Reine des neiges et pour les mêmes chansons. Mathilde fait ce constat :
Mais la vie n’est pas toujours rose. Lors du deuxième confinement lié à la crise sanitaire de la Covid-19, comme beaucoup d’enfants, Lia a traversé une période de démotivation qui s’est traduite par des problèmes de comportement. « De mon côté, confie-t-elle, je n’avais plus la patience nécessaire avec elle, j’avais moins d’entrain… Je ne prenais plus assez de recul. » Avec l’école et l’Afev, toute une équipe s’est structurée autour de la petite fille. La référente Afev a épaulé la jeune femme. Le plus beau souvenir de Mathilde ? Quand, après ce confinement, elle a accompagné les parents pour venir chercher Lia à l‘école : le sourire de la petite, en l’apercevant, elle s’en souvient encore. Lia va nettement mieux désormais et les réjouissances sont revenues. La fillette rêvait d’aller au cinéma, s’asseoir sur des banquettes rouges et voir Encanto, le film de Disney ; l’Afev a financé la sortie. Bientôt, elles vont aller à la patinoire avec un autre binôme de l’Afev, deux amies de Lia et Mathilde. Mais comme la petite fille adore les surprises, Mathilde ne dit rien encore...
Pour Mathilde comme pour beaucoup de bénévoles de l’Afev, l’engagement permet de vivre une aventure très enrichissante avec l’opportunité de belles rencontres car l’Afev, c’est un réseau de bénévoles et de volontaires qui ont des valeurs communes. À terme, elle n’envisage pas de cesser l’accompagnement de Lia : « On a matché tout de suite, Lia, sa famille et moi, alors si on arrête un jour, j’espère vraiment que nous resterons en contact ! » Depuis le début de l’accompagnement, sur un carnet destiné à Lia, Mathilde consigne tous leurs rendez-vous et les petites anecdotes qui les unissent ou les amusent. Évidemment, sur ce carnet, Mathilde a déjà inscrit ses coordonnées et compte bien garder contact et suivre Lia, même de loin !
Comme Mathilde, deviens mentor !
A Rouen comme dans plus de cinquante autres villes, nous recherchons et mobilisons des mentors pour accompagner des enfants et jeunes en difficulté sociale ou éducative !
FAQ : Mentorat
-
Le mentorat est une relation bénévole basée sur l'apprentissage mutuel. Son objectif est de favoriser l'autonomie et le développement de la personne accompagnée en établissement des objectifs, qui évoluent et s'adaptent en fonction des besoins du/ de la mentoré⸱e. Le mentorat apporte aussi beaucoup à la⸱au mentor.
-
Le mentorat est plus complet que du soutien scolaire, l'aspect scolaire n'en constitue qu'un volet. En fonction de l'âge et des besoins de l'enfant, les séances comprendront plus ou moins de devoirs, mais aussi des sorties, des jeux, des moments de discussion... qui sont aussi très importants pour la⸱le jeune accompagné⸱e.
-
Non ! Les mentors sont bénévoles, les mentoré⸱es et leur famille n'ont pas besoin de payer pour le mentorat.
-
A l'Afev, les mentoré⸱es sont des enfants / jeunes de la maternelle à la première année d'université, habitant en quartiers prioritaires et/ou scolarisé⸱es en REP, en fragilité dans leur parcours éducatif. Ce sont nos partenaires territoriaux qui indiquent à l'Afev quels jeunes peuvent bénéficier de mentorat.
-
Oui. Toutes les antennes de l'Afev sont en partenariat avec les établissements scolaires et des structures socio-éducatives du territoire, qui indiquent à l'Afev quels jeunes peuvent bénéficier du mentorat. Tout au long de l'année, l'Afev est en lien avec ces partenaires pour voir l'évolution de l'enfant.
-
Les séances de mentorat durent 2 heures par semaine ; l'engagement de l'étudiant⸱e dure toute l'année scolaire, et la⸱le mentoré⸱e est accompagné⸱e pendant deux ans.
-
Différents critères peuvent être pris en compte, mais les principaux sont le temps de transport entre le domicile de la⸱du mentor et celui de la⸱du mentoré⸱e, et les créneaux de disponibilités entre mentor et mentoré⸱e.
-
A l'Afev, les mentors sont des lycéen⸱es ou des étudiant⸱es. Tout le monde peut devenir mentor, il n'y a pas d'autre critère, hormis la motivation et la disponibilité : il faut pouvoir t'engager à te rendre disponible 2 heures par semaine sur toute une année scolaire, et à suivre une formation obligatoire.
-
Presque tou⸱tes nos mentors sont des étudiant⸱es : nous savons donc très bien que ton emploi du temps peut être très chargé !
Les séances de mentorat durent 2 heures chaque semaine, auquel s'ajoute un temps de trajet, que nous nous efforçons de rendre le plus court possible, en t'attribuant un⸱e enfant proche de chez toi ou de ton lieu d'études. Et si tu as besoin de t'absenter pour des partiels etc, il n'y a pas de souci tant que tu préviens bien la⸱le mentoré⸱e, sa famille et ta⸱ton référent⸱e Afev. -
Si tu es intéressé⸱e, tu peux remplir le formulaire rejoins.afev.org. L'Afev te recontactera pour une réunion d'information, lors de laquelle tu pourras avoir davantage d'informations et poser toutes tes questions sur le mentorat.
-
En complément du mentorat présentiel, l'Afev propose du mentorat à distance. Les activités et le format sont adaptés à un cadre distanciel, mais la régularité et les résultats sont similaires, et permettent à des jeunes de territoires ruraux, d'Outre-Mer ou au-delà de devenir aussi mentor ou mentoré⸱e !
-
Les équipes de l'Afev font leur maximum pour rendre le délai d'attente le plus court possible. Au bout de deux semaines, si tu n'as pas de nouvelles, n'hésite pas à reprendre contact avec ton antenne Afev !
-
C'est très similaire au mentorat en présentiel. Tu commences d'abord par remplir un formulaire dédié (lien). Puis, tu seras recontacté pour participer à une réunion d'information, de 45 minutes, avec d'autres mentors et animée par un salarié. L'idée, c'est que tu en apprennes plus sur l'Afev, et le mentorat à distance. Si tu valides ton inscription, tu es ensuite convié à un atelier où un salarié te présente les outils et te permet de mieux appréhender comment se déroulent les séances, et comment tu peux adopter la posture de mentor à distance. Tu es ensuite mis en binômes, sous trois semaines maximum, puis, c'est à toi de jouer ! Le salarié responsable de ton binôme fait la première rencontre avec toi, puis reste à ta disposition, en sa qualité de référent.
-
Le lien que tu établis avec l’enfant ou le jeune que tu mentores est primordial. Il doit être conservé tout au long de l’année, de manière régulière. En revanche, il est normal que dans certains cas (partiels, absence, etc.), les séances de mentorat puissent être revues à la baisse une ou deux semaines. Dans ce cas, pense bien à anticiper ces moments d'absences et à les communiquer à ta⸱ton binôme, sa famille et à ton ou ta référent⸱e Afev.
-
Tu peux consulter le guide du mentor, qui te donnera toutes les informations clé pour bien commencer ton mentorat. En complément n'hésite pas à contacter ta⸱ton référent⸱e Afev, qui sera présent⸱e à tes côtés tout au long du mentorat.
-
Trois ressources principales sont à ta disposition, et regorgent d'idées d'activités, de conseils et de manières d'inclure la famille dans les séances, ainsi que de créer du lien à distance avec ton binôme. D'abord, tu disposes du guide du mentor, qui contient à la fois des conseils sur la posture de mentor à distance, tout comme des idées d'outils et d'activités concrètes pour alimenter tes séances. Ensuite, REEC et le MOOC sont tes alliés pour te former en continu, par le MOOC, ou en visio, sur des thèmes allant de l'éducation au numérique, à l'accompagnement vers la lecture, en passant par la confiance en soi. Enfin, la fidèle banque à outils, actualisée tous les mois, est une mine d'or en termes d'activités à faire à distance, selon les envies et besoins du binôme.
-
La première séance peut être préparée de trois façons pour les mentors à distance. D'abord, lors de l'atelier MAD, de multiples conseils et approches sont mentionnés. Ensuite, à la suite de la rencontre avec ton jeune, tu peux solliciter ton référent pour prendre une trentaine de minutes et voir ensemble quelles thématiques ou activités aborder. Enfin, tu peux t'inspirer de la section y afférent du Guide du Mentor.
-
Pour la dernière séance, tu as deux façons de la préparer, à distance. D'abord, une formation régionale t'es proposée, et nous t'encourageons à t'y inscrire pour avoir les bonnes informations, et les astuces. Enfin, tu peux également contacter ton référent pour la prévision et l'organisation de ces dernières séances. N'oublie pas, tu peux compter sur les Olymp'MAD en fin d'année pour terminer l'année de manière ludique.
-
Le mentorat est l'occasion de développer des compétences transversales (communication, accompagnement, créativité, organisation, empathie, ouverture culturelle, implication...), qui te seront utiles dans ton parcours, que tu te destines à travailler en lien avec des jeunes ou non.
En outre, ton établissement (lycée, université, école...) propose peut-être une reconnaissance de l'engagement : bonification, UE libre, stage... N'hésite pas à te renseigner auprès d'eux ou à contacter ta⸱ton référent⸱e Afev. -
Etre mentor à l'Afev, c'est valorisable de plusieurs façons. D'abord, tu peux te renseigner auprès de ton référent ou de ton établissement d'enseignement supérieur afin de savoir si ton engagement est directement reconnu dans ton cursus et les modalités conséquentes. Si ce n'est pas le cas, grâce à REEC, tu as accès à des bilans de compétences, que tu peux joindre à ton CV, et tu recevras une attestation à la fin de ton engagement. Tu peux également joindre ces documents sur Linkedin, et/ou en parler lors de tes entretiens pour une formation, ou des stages, emplois.
Partager cet article