En introduction de la 15ème Journée du refus de l’échec scolaire (JRES), organisée par l’Afev avec l’Anaf le 21 septembre dernier dans l’auditorium du Monde, la Ministre chargée de l’enseignement et de la formation professionnelle Carole Grandjean a eu l’occasion de détailler sa feuille de route et d’exprimer son point de vue sur l’alternance et l’apprentissage.
« Trait d’union » entre le Ministère du Travail, du Plein-Emploi et de l’Insertion et celui de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, la Ministre Carole Grandjean s’est déclarée d’entrée « très heureuse » d’être présente à cette occasion, soulignant que « l’Afev et l’Anaf sont deux associations pleinement mobilisées pour porter l’engagement du lien solidaire dans notre société, celui d’une place pour chacun, celui que nous devons avoir d’accompagner, sur un chemin épanouissant, chacun des individus de notre société, quelle que soit son origine, ses difficultés… »
Des défis à relever
Bien consciente que « l’apprentissage fait partie de la feuille de route qui est la [sienne] », elle a listé « un certain nombre de défis » à relever, parmi lesquels atteindre « le million d’apprentis, et donner ainsi encore un essor à l’apprentissage en France », tout en remplissant une mission : « conduire une réforme du lycée professionnel. »
En effet, « certains jeunes (un tiers de nos lycéens en France) sont orientés de manière plus subie que les autres, suivent une voie professionnelle plus tôt que leurs camarades, tandis qu’ils n’ont parfois pas les mêmes ressorts au niveau de leur origine sociale, parfois de leur bagage linguistique, voire de handicaps non diagnostiqués. »
Pour ceux-là, « l’engagement de la société doit être renforcé, pour lisser ces inégalités et accompagner leur plein développement, personnel, en tant qu’individus, que citoyens, autour des savoirs fondamentaux. » Et pour « accompagner aussi leur capacité à s’insérer professionnellement, à réussir dans le monde du travail – qui contribue aussi à l’épanouissement de l’individu. »
Réussite pour toutes et tous
Il s’agira donc, pour elle, de lutter contre l’orientation subie, de viser « une meilleure réussite, en lien avec les enseignants, des jeunes concernés », de faire « un effort pour simplifier le parcours administratif », « lever un certain nombre de freins, notamment dans certains secteurs qui rencontrent des difficultés de recrutement » et, à terme, « limiter le nombre d’abandons et de ruptures de contrats. » Avec en ligne de mire l’objectif du million d’apprentis en France, notamment en aidant l’apprentissage « à faire un peu plus son chemin dans les niveaux infra-Bac. »
Quant aux élèves déjà inscrits dans la voie professionnelle, il est prévu dans sa feuille de route de « mieux les faire réussir, toujours en lien avec les enseignants qui partagent avec moi la tristesse de voir un certain nombre de lycéens professionnels ne pas réussir dans cette orientation, l’envie de voir ce système réformé pour mieux faire réussir chacun des jeunes de notre pays. »
Si le terme "réussite" est beaucoup apparu dans la prise de parole de la Ministre, c’est parce qu’elle considère l’apprentissage comme… « un lever de réussite » à part entière, qui nécessite un effort particulier pour « limiter le nombre d’abandons et de ruptures de contrats, pour des motifs très variés. » En effet, selon elle, « le fait de rompre un contrat en amont du diplôme pour favoriser une embauche – quand bien même elle est en CDI – pose souci. » Il faut au contraire « favoriser les passerelles entre la voie scolaire et l’apprentissage, pour que finalement le parcours s’adapte aux besoins du jeune et non l’inverse. »
Apprentissage à tous les niveaux
Lutter contre l’illettrisme, « apporter à tous un socle de connaissances suffisant » "… Tout ceci permettra, notamment à travers les Prépas dédiées, de « porter plus haut les valeurs de l’apprentissage, autour d’une méthodologie d’acquisition de savoirs qui a pour force d’être une formation rémunérée permettant d’accéder à des carrières valorisantes, avec un très bon taux d’insertion » (70% des jeunes trouvent un emploi dans les 12 mois qui suivent leur apprentissage).
Pour autant, Carole Grandjean « souhaite aussi continuer à soutenir cet apprentissage au travers d’aides exceptionnelles qui, vous la savez, ont été poursuivies jusqu’à la fin de l’année. » Celles-ci « ont participé à l’essor des contrats signés en 2021, à hauteur de 732 000 malgré les crises et leurs conséquences, mais aussi permis de faire de l’apprentissage une méthode pour acquérir des compétences, travailler le réseau avec les entreprises et travailler aussi un enjeu de savoir-être. »
Et comme « chaque jeune a son rythme, ses besoins », il faut « accompagner l’apprentissage à tous les niveaux », y compris ceux de l’infra-Bac (qui sont tout de même « passés de 184 000 à 280 000 entre 2017 et 2021 »). Ce qui passe par le mentorat, bien sûr (auquel elle attache beaucoup d’importance, comme l’un des « leviers qui permettent de gagner en confiance, de faire le lien entre l’apprenant et le tissu économique », de « créer des liens qui n’existent pas toujours dans l’environnement familial »), mais aussi la découverte des métiers dès la 5ème (avec une expérimentation lancée cette année), un effort sur les logements (« et notamment sur les internats ») ou la mixité des parcours.
Pour conclure, la Ministre est revenue, logiquement, sur « le dispositif Prépa apprentissage, dont vous êtes l’un des porteurs ». Il s’agit, selon elle, de l’un des « piliers de cette promesse républicaine », de « l’une de ces voies de réussite des jeunes les plus éloignés de nos dispositifs. » Il est dès lors « important de trouver les voies et moyens pour le rendre durable et le développer, pour qu’il soit accessible partout en France à un maximum de jeunes. » Un objectif, en somme, que la puissance publique, par la voix de Carole Grandjean, assume pleinement de viser.
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