Break Poverty face au paradoxe de l’apprentissage

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Au cours de la table-ronde intitulée « Devenir apprenti : le parcours du combattant ? », plusieurs intervenants étaient présents pour tenter de réponse à cette épineuse question. Parmi ceux-ci, le Directeur des programmes de la Fondation Break Poverty Christophe Sanchez, est revenu sur une enquête récente pour souligner ce qu’il a qualifié de « grand paradoxe de l’apprentissage ».
 

Après Agnès Molia, co-réalisatrice du film documentaire Un bon début (sur la classe Starter d’un lycée grenoblois) et avant les prises de parole – face à l’animateur et journaliste Emmanuel Davidenkoff – de la Chargée de développement local Esther Bégon de l’Afev puis de Francis Lévy, Secrétaire général de la Fédération français des Geiq, Christophe Sanchez est revenu sur les résultats d’une enquête réalisée par la Fondation Break Poverty sur le décrochage, en axant son propos sur l’alternance et l’apprentissage.
 

Journée refus de l'échec scolaire afev
15ème édition de la Journée du Refus de l’Échec Scolaire

Travailler les perceptions…

« Aujourd’hui, a-t-il commencé, quand vous finissez un CAP, vous avez 12 mois plus tard 30% de chances d’être en emploi. Quand il s’agit d’un CAP en apprentissage, ce chiffre monte à 60%. » Idem pour les Bac pros, « de 45 à 80% ». Il s’agit donc selon lui, pour lutter contre l’orientation subie, de « rendre désirable les voies professionnelles » - aujourd’hui « souvent perçues comme des voies de garage. » 

En effet, « beaucoup de jeunes continuer à dire que s’ils sont en lycée pro… c’est parce qu’ils n’avaient pas le niveau pour aller en filière générale. » Plus précisément, en CAP, « 56% des jeunes ont déjà un an de retard, et beaucoup de décrochages interviennent dès les premières semaines. » Le premier vecteur de la démobilisation, aujourd’hui, est « l’aspect scolaire (soit, les mauvaises notes) », tandis que « l’orientation des jeunes est aujourd’hui très sanctuarisée : il y a des moments-clés. »

… et multiplier les points de rencontre  

Or, une observation attentive le démontre aisément : « quand ça marche, c’est quand des associations multiplient les points de rencontre, les échanges réguliers… C’est pour cela que le mentorat a toute sa place ! » De fait, « les parcours réussis ont souvent commencé tôt, dès la sixième ou la cinquième. »

L’intérêt de cette multiplication (régulière) des points de contact, des temps de discussion et de rencontre entre mentors et mentorés, tuteurs ou jeunes un peu plus âgés apparaît tout particulièrement lorsque l’on s’intéresse au développement des soft skills. Sur ce point, soulignait Christiophe Sanchez, « la France est toujours très mal classée dans les comparaisons internationales. »
 

Soft-skills et autonomie : le paradoxe de l’apprentissage  

Ce qui est « particulièrement problématique pour des publics auxquels on va demander plus tôt un certain degré d’autonomie. » C’est là, selon lui, « le grand paradoxe de l’apprentissage. » En effet, il convient de se demander « comment – au-delà du scolaire à proprement parler, qu’après cinq ans de difficultés on aura du mal à remettre à niveau – il va nous être possible de fournir au moins des compétences psychosociales, pour augmenter la confiance des jeunes ? »


Car, il l’a également rappelé : « Comme l’apprentissage est sélectif, ce ne sont pas les jeunes les plus fragiles ou en difficulté qui, aujourd’hui, y accèdent majoritairement. » On constate en effet « une sous-représentation des fils d’immigrés, des jeunes issus de CSP dites "basses" », sans oublier « une absence totale des élèves issus des classes SEGPA » (Section d’enseignement général et professionnel adapté). Un constat à mettre en relation avec le fait que « les deux tiers des décrocheurs, sans diplôme, viennent de ces voies professionnelles – avec une orientation subie majeure… »

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