Apprentis solidaires, l'Afev à la manœuvre

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En janvier 2022, l’Afev lance la troisième promotion de son programme Apprentis Solidaires, qui vise à permettre à des jeunes, “décrocheurs” ou en panne d’orientation, de bénéficier d’une préparation à l’apprentissage au travers d’un engagement solidaire accompagné. Focus sur le cas lyonnais, via les regards croisés d’une responsable locale et d’une jeune femme ayant participé à la deuxième promo.

Dissiper les doutes

« Malgré cette formation, ça n’a pas trop marché. » Peinant à se faire recruter, elle s’oriente vers un Centre de formation des apprentis (CFA) lyonnais, l’IFIR, dont la directrice ne tarde pas à lui proposer de suivre un dispositif tout juste mis en place par une association qu’elle ne connaissait pas : Apprentis Solidaires, de l’Afev. « J’ai donc commencé ce programme, sans trop savoir ce que j’allais faire plus tard comme métier. » Des profils comme celui de Paula, divers mais marqués par une commune difficulté à s’insérer professionnellement, la Chargée de développement local lyonnais à l’Afev Mylène Pentecôte en a rencontré beaucoup, depuis deux ans qu’elle chapeaute le programme localement : « La majorité des Apprentis Solidaires sont des jeunes sortis du système scolaire, qui n’ont pas confiance en eux – se sentent ″nuls″, ont l’impression de ne ″servir à rien″, selon leurs propres mots -, mais ont envie d’avancer. »

Or, justement, « ce programme-là leur permet d’être écoutés, de disposer d’un temps pour eux, sans la pression que peuvent leur mettre leurs parents ou la société en général. » Ainsi, tandis qu’ils sont « vraiment écoutés sur ce qu’ils veulent faire », un « travail très fort sur la confiance » peut se mettre en place, « qui les fait progresser rapidement dans ce domaine. » Ce qu’au demeurant les partenaires institutionnels de l’Afev ne peuvent que constater à l’issue de ces six mois de Service civique accompagné : « Ils voient bien que la personne a gagné en maturité, et s’exprime plus facilement »… autour d’un projet souvent mieux ″ficelé″ qu’à l’origine. Paula, par exemple, « grâce aux stages et aux missions » qu’elle a pu accomplir au premier semestre 2021, a réussi à « mieux comprendre ce qui [l]’intéressait vraiment : l’animation. »

Ainsi, elle qui avoue volontiers qu’elle ne connaissait pas le dispositif au démarrage considère « que cela [lui] a apporté énormément de choses, pour le travail comme pour [sa] vie personnelle. » Tout s’étant très bien passé « avec les formateurs comme au sein de la promo », cela l’a « beaucoup aidé pour comprendre ce [qu’elle] voulait faire », à tel point qu’elle a fini par décrocher son CDI, dans un secteur qu’elle a appris à découvrir.  

 

 

Un programme multi-facettes

« S’ils ont un projet bien défini dès le départ, indique Mylène Pentecôte, nous les y amenons. Et s’ils ne savent pas quoi faire, nous travaillons avec eux sur l’orientation. » Interrogée sur les solutions auxquelles ont abouti les membres des deux premières promotions, elle s’essaie à un bilan global sur son territoire : « Sur Lyon, une grosse moitié des Apprentis Solidaires sont partis vers l’alternance ; 20 à 30% ont décroché un contrat de travail ou d’insertion autre que l’alternance. Pour le reste, de l’ordre de 15%, nous n’avons pas trouvé de solution satisfaisante. »

Ces derniers, toujours accompagnés par la Mission locale, n’étaient pas encore ″sortis d’affaire″ au mois de septembre qui a suivi. Ainsi, si tout le monde ne sort pas du dispositif ″par le haut″, plus des quatre cinquièmes passent d’une situation de ″galère″ plus ou moins prononcée à une formation ou une insertion professionnelle mieux en phase avec leurs aspirations. Pour ce faire, cette période de six mois, conçue comme une « préparation à l’apprentissage », multiplie les axes et les angles. En premier lieu, comme il s’agit bel et bien d’un Service Civique, les missions de solidarité sont à l’honneur, qu’elles soient menées auprès d’associations extérieures (« animations auprès de personnes âgées, construction de meubles pour Emmaüs, réparation de vélos… ») ou « en interne » (« accompagnement d’un enfant, préparation de sorties collectives, ramassage de déchets… »). L’objectif étant, toujours, « de développer des compétences : esprit d’équipe, organisation, posture professionnelle, savoir-être… » Sur un plan plus directement professionnel, des accompagnements à l’insertion sur le marché du travail sont prodigués, qu’ils soient collectifs (ateliers CV, techniques de recherche d’emploi, simulations d’entretien d’embauche, visites de CFA, découverte de métiers) ou individuels (immersions en entreprises, « pour confirmer ou infirmer un projet, ou en amont de la signature d’un contrat d’alternance » - soit, autant de Périodes de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP)). En outre, puisque « la plupart de ces jeunes sont sortis du système scolaire, où ils n’ont pas vécu une belle expérience », il s’agit également de faciliter leur remise à niveau, en leur « redonnant goût à la formation, et en leur rappelant que s’il y a une partie pratique dans l’alternance, il y a aussi une partie théorique… »

Enfin, les jeunes Apprentis solidaires prennent part à des ateliers thématiques plus transversaux, allant de la formation civique et citoyenne au développement personnel, en passant par exemple par le théâtre. Ceci, « pour travailler sur la confiance, se connaître un peu plus, apprendre à communiquer différemment, librement, sur des sujets de société », précise encore Mylène Pentecôte. En 2022, chaque mois sera ainsi dédié à un grand sujet : solidarité et engagement, santé et bien-être, culture(s), citoyenneté, environnement…

Un territoire, des partenaires  

Ainsi, fort de ses succès, le programme Apprentis Solidaires, lauréat du Plan d’investissement dans les compétences (PIC), ne cesse de renforcer ses liens, au niveau local, avec ses partenaires des territoires. « Au départ, se souvient la Chargée de développement local, l’Afev n’était pas bien identifiée sur cette thématique du raccrochage, donc on a dû développer une communication auprès des services publics – services de l’emploi, ou domaine de l’insertion au sens plus large. » Mais assez vite, « tous ont perçu le sens du programme, et à quel moment dans le parcours du jeune nous intervenions. » Aujourd’hui, « il y a vraiment un avant et un après ce Service civique. » Ce qui fait que désormais, « missions locales, CFA, éducateurs : nous sommes tous en lien, tout au long du dispositif. »

A Lyon, par exemple, 5 acteurs de la formation sont associés au dispositif : « Ifac pour l’animation, le CFA BTP pour le bâtiment, l’IRI pour l’industrie, les Apprentis d’Auteuil pour les métiers de la restauration… et l’IFIR pour le médico-social. » C’est via ce dernier organisme que Paula avait d’ailleurs eu vent de son existence, pour son plus grand bien ! « Les partenariats s’enracinent donc sur le territoire au fil des années, conclut Mylène Pentecôte, ce qui permet de mettre tout en œuvre pour que le jeune se sente à l’aise, et qu’il se fasse connaître de l’écosystème local. »
 

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