En janvier 2022, l’Afev a lancé la troisième promotion de son programme Apprentis Solidaires. Objectif : permettre à des jeunes, “décrocheurs” ou en panne d’orientation, de bénéficier d’une préparation à l’apprentissage par un engagement solidaire accompagné. Ce programme a pour ambition de les conduire vers la réussite d’un apprentissage désiré.
Sauver les autres en prenant des risques. C’était la volonté d’Aurélien, 21 ans, originaire de Metz. Mais avant qu’il comprenne comment s’y prendre, cette quête commencée dès l’école ne fut pas indolore. Du fait de constants déménagements au fil de sa scolarité, il a traversé des années d’instabilité qui ne l’ont pas aidé à structurer un projet au long cours. Un parcours scolaire pas facile, puis un bac pro Logistique et Transport. Aujourd’hui, Aurélien raconte qu’au fond, il n’était pas intéressé par cette filière : « C’est dur de s’investir dans quelque chose qu’on n’aime pas ! Après mon bac pro, je ne voulais pas du BTS qui devait suivre. J’ai choisi d’aller en socio à l’Université de Lorraine. Tout allait plutôt bien, je suis allé au bout de mes partiels et puis le premier confinement est arrivé et là, j’ai rapidement décroché : les cours à distance, c’était compliqué pour moi… » Aurélien renonce. Il rend sa carte d’étudiant. Commence une période lourde de questionnements et d’isolement : « Je n’étais plus inscrit nulle part, je n’avais aucun projet, j’avais juste mon bac pro et mon BEP. Pendant quelques mois, je n’ai rien fait. J’ai tenté de me remettre en question. Je n’habitais plus chez moi, j’étais en conflit avec ma mère. À part mon meilleur ami qui me soutenait, j’étais seul. » Aurélien ne voulait pas rester sans rien faire, mais il lui fallait se réinventer : il voulait une vie meilleure que celle que menait son entourage. Il a cherché du travail, n’en a pas trouvé. « Je n’avais plus de cadre, je me sentais abandonné. J’avais perdu tous mes repères… ».
Sauver mon pays, aider les autres
En poursuivant sa réflexion, il décide de s’engager dans l’armée. Plus de six mois de démarches et une série de tests le conduisent à intégrer un régiment près de Besançon. « Je suis entré à l’armée le 1er décembre 2020. C’était un monde nouveau. J’étais content, je m’étais réconcilié avec ma mère. Tout semblait aller mieux dans ma vie. J’ai beaucoup appris, je me suis fait de nouveaux amis. » Mais après plusieurs mois, Aurélien commence à douter. Après une formation de démineur, il prend conscience du danger que constitue ce métier, désamorcer des engins explosifs sur le terrain : il ne veut pas mourir. Il ne se voit pas partir en Afrique dans des zones de guerre. « J’aspirais à protéger mon pays, ma famille, aider les autres, mais faire ce métier était dangereux. Après avoir obtenu mon diplôme de démineur avec une note de 15/20, j’ai rompu mon contrat et quitté l’armée. »
De retour à Metz, Aurélien se retrouve complètement démuni : sans appui, de nouveau sans projet et sans comprendre comment il pourrait s’y prendre, sans réseau pour le soutenir. Il réfléchit encore sur lui-même. Et puis comme une évidence, le sens de son parcours apparaît : il veut toujours aider les autres, mais désormais comme travailleur social. Il cherche sur Internet, va rencontrer les missions locales qui lui conseillent un Service Civique. C’est par une annonce qui recherche des mentors qu’Aurélien identifie l’Afev. Il postule, reçoit une réponse très rapide : on le convoque à un entretien en présentiel.
J’ai compris mon projet : devenir éducateur social
Aujourd’hui, Aurélien mène des actions solidaires comme participer à une collecte alimentaire pour les Restos du cœur ou aider à l’encadrement d’enfants dans un foyer de protection de l’enfance. Quand on lui demande ce qui l’a le plus marqué cette année, il évoque deux anecdotes : un petit garçon en foyer, âgé de trois ans, qui s’est mis à pleurer au moment du coucher en avouant que sa mère lui manquait. « Je lui ai dit qu’il pourrait la revoir bientôt. Il m’a répondu que sa maman était morte. Je lui ai fait un gros câlin, après il allait mieux et a fini par s’endormir. J’aime les enfants, j’ai un bon contact avec eux. Ils sont là, dans ce foyer, parce qu’ils sont en danger dans leur vie… » Aurélien a été aide-éducateur dans cet établissement, il y a fait un stage grâce à l’Afev. L’autre anecdote, c’était le 22 janvier 2022, lorsqu’il a posé une question à l’occasion de la journée « Des candidats & des jeunes », un face à face organisé dans le cadre des élections présidentielles et retransmis sur France Inter et sur Youtube. « J’ai été coaché par l’Afev, ça a été un travail très intéressant de préparation avec les journalistes, une expérience bénéfique. La question que j’ai posée à Valérie Pécresse : Est-ce que nous, les jeunes, nous aurons une retraite ? Même si je ne crois pas beaucoup en la parole des politiques, elle m’a un peu rassuré. »
Aurélien pose sa question lors de l'événement "Des candidats et des jeunes", à France Inter le 23 février 2022
Grâce à sa mission, Aurélien se forme pour la suite. Anne, son accompagnatrice, y veille : stages, expériences de terrain, développement de son réseau… « Je veux un diplôme de travailleur social. Pour y arriver, il faut que j’intègre l’École des Éducateurs Sociaux, dont je passe les oraux bientôt. » Grâce à son Service Civique avec Apprentis Solidaires, Aurélien a repris confiance en lui. Il a retrouvé foi en l’avenir, et, enfin, quelque chose d’essentiel pour lui : une bonne relation avec sa famille.
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