En fin d’après-midi le 25 octobre 2022, à Bruxelles, le Parlement européen accueillait pour la première fois une série de personnalités impliquées dans le déploiement et la consolidation du mentorat sur le continent. Retour sur un événement-phare pour le collectif Mentoring Europe.
Dès l’introduction, la Députée européenne française Ilana Cicurel a justifié son attachement au mentorat en qualifiant ce dernier de « l’un des rares dispositifs susceptibles d’ouvrir l’horizon des possibles. » En ce début d'année 2023, Année européenne des compétences, le mentorat, qui produit des « effets rapides et durables », apparaît comme « le chaînon manquant des politiques publiques pour atteindre leurs objectifs » - notamment en matière d’apprentissage tout au long de la vie.
Une députée alliée du mentorat
Or « la communauté du mentorat se développe au moment même où l’Europe réalise pleinement que l’éducation est cruciale » pour placer l’inclusion au centre de nos sociétés. Et pourquoi a-t-elle le vent en poupe ? Sans doute parce que le mentorat constitue « l’exemple parfait d’une pratique fondée sur la preuve scientifique – preuve qu’il est bon tant pour les mentors que pour les mentorés. »
Ainsi, la députée a appelé de ses vœux « un cadre européen de reconnaissance des compétences » développées par l’apprentissage informel ou par le mentorat, et une « société européenne de l’engagement où tout un chacun pourra gagner en pouvoir d’agir » [ou se sentir "empowered". Comme en ont d’ailleurs témoigné alors des mentors et mentorés invités pour l’occasion : « Pour moi, le mentorat, c’est comme être juché sur les épaules d’un géant » ; ou encore « L’action de mentorat ne dure qu’un temps, mais son impact reste pour toute la vie. »
La parole de la communauté du mentorat
Etaient également présents, pour Mentoring Europe, Oscar Couwenber, Chair of Mentoring Europe et Szilvia Simon, community manager. Pour eux, les choses apparaissent évidentes : « La jeunesse, c’est le futur. Alors il nous faut investir dans notre futur », notamment en « donnant aux étudiants [de toute l’Europe] la possibilité de jouer un rôle moteur, en les accompagnant pour les aider à se dépasser chaque jour. » Avec des référents positifs autour d’eux, ils peuvent relever des défis et « atteindre plus rapidement leurs objectifs. » Il faudrait donc que le mentorat devienne « une expérience offerte à tout étudiant d’Europe. »
Dans les faits, nous avons tous vécu une expérience reliée au mentorat, à un moment de nos vies. « Nous avons tous donné un conseil, été un exemple pour quelqu’un… » Toutes ces rencontres « créent de la valeur et multiplient les bénéfices sociaux », tout en demeurant « aussi diverses que les individus peuvent être. » Ainsi, se définissant comme « des professionnels sérieux, ne sous- estimant aucunement l’importance qu’il peut y avoir à expliquer », aussi souvent que cela sera nécessaire, « ce qu’est le mentorat », ils ont indiqué que ce dernier « offre à chacun la possibilité d’avoir un impact considérable [et bénéfique] sur la vie d’autrui. »
Regards croisés européens
Se sont enfin exprimés Maryia Gabriel, Commissaire européenne à l’Innovation et à la Jeunesse, s’est ensuite exprimée, Jaroslav Miller, vice-Ministre de l’Education, de la Jeunesse et des Sports de la République Tchèque, et Anne Rudisuhli, Membre du Comité européen des régions. La première a rappelé que, pour relever les nombreux défis qui se dressent devant nous (inégalités, Covid) « chaque étudiant, chaque citoyen doit disposer d’assez de confiance en lui pour faire face à l’avenir, développer une citoyenneté active. » Or le mentorat, à plus d’un titre, peut permettre de renforcer cette confiance en soi, en jouant sur « le bien-être à la fois social et émotionnel » des individus. Il s’agit donc désormais de « donner plus de visibilité aux divers projets de mentorat », et de renforcer les liens au sein d’une communauté d’ambitions croisées, qui ne fait que se consolider de jour en jour.
« Nous voulons, a-t-elle conclu, atteindre une masse critique de mentors et de mentorés partout en Europe. » Pour ce faire, il s’agit de développer plus d’espaces d’apprentissage (non formel et informel) où le mentorat puisse jouer un rôle-clé, notamment pour promouvoir les opportunités de l’apprentissage tout au long de la vie. Le mentorat pourrait devenir un pont entre différents espaces d’apprentissage (dans et hors l’école, formels et informels), et améliorer le bien-être à l’école, tant auprès des élèves que des équipes éducatives.
De son côté, Jaroslav Miller a rappelé que lui-même avait eu la chance, quand il était plus jeune, de bénéficier d’un soutien informel. D’où son ambition de développer le mentorat sous toutes ses formes, « aussi bien formelles qu’informelles. » Car « dans un monde parfait, le mentorat serait un processus naturel de soutien », alimentant un « processus réciproque. » C’est d’ailleurs l’exemple concret d’un tel processus qu’a enfin décrit Anne Rudisuhli, en prenant le cas de la région d’Aix-Marseille pour montrer en quoi un réseau puissant de mentorat permettait – aussi – de favoriser l’entrepreneuriat, voire de jouer un rôle vertueux sur le marché du travail. Suite aux derniers échanges, qui ont notamment permis à la Députée européenne Sylvie Guillaume de qualifier la réunion en cours de « vent d’espoir » et à d’autres intervenants de préciser en quoi le mentorat pourrait même jouer un rôle dans la formation des professeurs, a été officiellement publiée une note d’intention écrite par le Comité Plaidoyer de Mentoring Europe, qui cadre le positionnement et l’ambition pour le mentorat en Europe. Pour retrouver l'intégralité de l'événement, rendez-vous ici.
Par Fiona Soler et François Perrin (propos traduits de l'anglais)
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