Patricia Humann : Devoirs à la maison, « une source de stress et de conflits »

Patricia Humann

Le 27 septembre dernier paraissait une étude qualitative de l’UNAF riche d’enseignement sur « Le travail scolaire à la maison ». Patricia Humann, Coordinatrice du pôle "Ecole, petite enfance, jeunesse" de cette structure, a accepté de répondre à quelques questions, en tant que responsable de ladite étude.

Les parents sont-ils attachés aux devoirs ?

La grande majorité des parents que nous avons rencontrés considèrent que les devoirs et leçons à apprendre à la maison, sauf quand l’enfant est autonome, constituent une source de stress et de "conflits" familiaux. Quelques parents cependant, qui souvent avouent qu’ils auraient aimé être professeurs, apprécient de pouvoir suivre la scolarité de leurs enfants au plus près : réexpliquer une leçon, surveiller les exercices - voire en donner d’autres… Mais est-ce toujours bénéfique pour les enfants ? Les parents s’intéressent à ce que leurs enfants apprennent en classe, et considèrent qu’il est normal que ces derniers disposent d’un temps pour apprendre et s’entraîner seuls, mais ils ne sont pas particulièrement attachés à l’idée que cela se fasse le soir, à la maison, après une journée fatigante d’école.
 

Quelles sont les difficultés éprouvées par les parents dans l’accompagnement du travail scolaire ? 

Tout dépend des difficultés de l’enfant. Certains ont seulement du mal à "s’y mettre" (fatigue, ennui…) ou sont distraits par les écrans. Les parents doivent alors faire preuve d’autorité, ce qui peut s’avérer épuisant à l’issue d’une journée de travail, surtout quand ils ont plusieurs enfants. Mais souvent, derrière cela, il y a un manque de compréhension de la leçon, des difficultés pour la retenir ou pour l’appliquer dans les exercices demandés. Les parents doivent alors accompagner pas à pas l’enfant, réexpliquer cette leçon, aider à faire des exercices. Or ce ne sont pas des enseignants, et cette deuxième "école à la maison" n’est pas forcément dans leurs "compétences". Il y a également des parents inquiets, qui rajoutent de la pression, créent des sources de tensions parce qu’ils redoutent l’échec de leurs enfants - même si, au départ, ces derniers arriveraient relativement bien à s’en sortir.

Les enseignants perçoivent-ils à quel point la tension scolaire envahit l’environnement familial ? 

Ceux que nous avons rencontrés perçoivent ces problèmes, d’autant plus quand ils ont eux-mêmes des enfants. Mais ils ne perçoivent pas toujours jusqu’où cela peut aller. Ils perçoivent les difficultés des enfants à faire correctement leur travail scolaire… mais ne savent pas toujours à quel point cela nuit à la sérénité familiale. Nous avons cependant recueilli des témoignages d’enseignants qui modifiaient leurs pratiques à cause de cela, ou qui conseillaient aux parents trop inquiets, par exemple, de rester éloignés de tel enfant pour ne pas lui "mettre" trop de pression.
 

Comment soutenir les parents ? 

De nombreux exemples ont été cités d’enseignants qui mettaient en œuvre des outils pour soutenir l’enfant, et donc soulager les parents : des vidéos qui réexpliquent une leçon (faites par l’enseignant ou un autre, disponibles sur YouTube) ; des exercices - notamment via le numérique - plus ludiques ou plus personnalisés et progressifs ; une disponibilité accrue des enseignants pour répondre aux parents… Enfin, quand tout ou partie des leçons et exercices peuvent être faits en classe, les parents sont, de fait, soulagés. Ce qui ne signifie pas qu’il n’y aura pas d’échange en famille sur ce que l’enfant a fait en classe, mais cet échange sera alors plus détendu.

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