Quelle Europe pour les engagés de l’Afev ?

Europe jeunes engagement

Le saviez-vous ? 2022 était l’Année européenne de la jeunesse (AEJ). La même année, l’Afev annonçait, forte de ses deux solides implantations en Espagne, l’ouverture en 2023 d’une antenne à Bruxelles. Mais au fait, que pensent ses engagés de l’Union européenne ?

En 2019 déjà, l’Afev avait lancé une consultation sur le sujet, afin de connaître le point de vue de ses engagés sur les questions européennes. En novembre 2022, ce sont cette fois 30 jeunes volontaires, de 18 à 29 ans, qui ont été interrogés par Alexiane Terrochaire Barbançon, Chargée de mission Mentorat à Distance et Projets européens; à l’Afev. Au programme : comment voient- ils l’UE, et notamment ses actions en faveur de la jeunesse ? Et comment souhaitent-ils s’y impliquer ?

Les jeunes et l’Europe…

La moitié d’entre eux se sont déclarés très intéressés par l’Union européenne, tandis qu’ils étaient 8 à s’estimer peu ou pas familiers de cette dernière. En revanche, ils sont plus des deux tiers (68%) à se sentir Européens – associant à l’UE des images plus ou moins concrètes. Un répondant reconnaît tout de même la percevoir de manière négative, comme « la championne du néo-libéralisme », qui étoufferait d’autres valeurs (comme l’Europe sociale).

Pourtant, malgré un sentiment européen plutôt prononcé, ils ne sont qu’un sur cinq à parler facilement, communément de l’UE dans leur vie quotidienne, à tous types d’interlocuteurs, contre la moitié qui réservent le sujet au cadre scolaire, à des proches intéressés… voire ne lui attribuent aucun espace. Est-ce parce qu’ils sont 67% à se sentir insuffisamment informés, ou peu assurés de disposer des bonnes informations ?

Ce qui ressort en tout cas de ces premiers constats, c’est que l’UE n’apparaît pas comme un sujet aisé à aborder… mais plutôt comme une thématique invisibilisée. Et ce, pour plusieurs raisons : faible appétence pour la politique ; UE jugée trop institutionnelle et complexe ; manque de transparence et de communication sur ce qu’elle fait au quotidien.

… l’Europe et les jeunes

Si l’on se concentre sur l’engagement de l’UE en direction des jeunes, les chiffres ne sont pas très optimistes : seuls 10% des répondants se sentent très bien informés sur deux des principales
actions / politiques dédiées (Erasmus+ et l’Année européenne de la jeunesse). Et de ces deux derniers, seul Erasmus+ évoque au moins quelque chose – même vaguement - chez tous les
interrogés.

Pour ces derniers, si l’UE ne parle pas aux jeunes en dépit des politiques qu’elle déploie dans leur direction… c’est parce que seuls les jeunes concernés ont accès à ces informations – qu’ils l’étudient, bénéficient d’une opportunité de mobilité ou participent activement à un projet européen. De fait, dans l’échantillon, les 3 juristes ont tous mentionné la forte implication de l’Union dans la garantie des droits des jeunes (éducation de qualité, droits à voyager, étudier et travailler librement dans un autre pays). Ce qui semble confirmer que l’on ne connaît de l’Union que ce qui relève de nos centres d’intérêt directs !

Comment faire, alors ? Les pistes proposées sont nombreuses : participation à des projets européens, plus grande présence sur les réseaux sociaux, à l’école et dans les études supérieures, multiplication des voyages et rencontres inter-européennes, développement de médias européens…

L’Europe, le monde et l’avenir

Interrogés à propos de la guerre en Ukraine, ils sont 63% à penser que l’Union doit s’y impliquer. Pour autant, les avis à son sujet divergent totalement : doit-elle en effet être médiatrice, forte de la philosophie pacifiste qui l’a fondée… ou au contraire s’abstenir, faute de moyens propres ou de position réellement commune ? Idem concernant le changement climatique : sur ce point, ils sont 87% à se déclarer convaincus du rôle qu’elle peut jouer du fait de son échelle… même si d’aucuns estiment qu’elle ne « fait pas le poids » pour inverser la tendance, tandis que son manque de cohésion interne sur ce dossier ne peut que contribuer à brouiller le message.

Et demain ? Là, les choses sont plus tranchées : la moitié des répondants (14) sont pessimistes quant à l’avenir de l’UE, prédisant même sa disparition dans 10 ans – ce qui signifie, bien sûr, que l’autre moitié voit les choses de manière moins sombre. Mais parmi les premiers, si l’un d’entre eux juge inutile de la remplacer par autre chose, la plupart en voient tout de même l’utilité, et appellent plutôt de leur vœux un changement, une réorientation, son remplacement par une meilleure version.

A vrai dire, s’il y avait effectivement quelque chose à modifier dans l’Union telle qu’elle existe,ce serait, de manière unanime, la complexité des institutions, l’opacité des processus de prise de décision. En revanche, que l’on parle d’euro, d’Erasmus+, de valeurs ou d’unité dans la diversité, toutes et tous ou presque en conviennent : sur ces terrains, rien à changer !

Alexiane Terrochaire Barbançon / François Perrin

L’ensemble de ces résultats a été présenté, le 5 décembre dernier, à l’événement de clôture de l’Année européenne de la jeunesse, en présence de divers organismes et de membre de la Commission. Retrouvez le rapport ici.

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