Devenir parent, c’est être traversé par un sentiment d’intense bonheur. Sentir l’étreinte de son enfant, partager un sourire, l’accompagner dans ses premiers apprentissages, sont autant de vertiges d’un parent. Être parent, c’est également agir chaque jour pour réussir l’éducation de son enfant avec comme ambition profonde d’en faire un individu épanoui, ouvert sur le monde et libre dans la construction de son projet d’avenir.
Si l’école tient naturellement une place fondamentale dans ce parcours éducatif, l’action des parents est essentielle pour assurer à l’enfant les meilleures chances de réussite. En jeu, la maitrise de 4 aptitudes fondamentales : la littératie, la numératie, les compétences psychosociales et la motricité ; aptitudes qui, avant même l’entrée en maternelle se construisent au sein des familles, et sont malheureusement inégalement développées chez les enfants en fonction de leur milieu social.
Impact du milieu social dans l’apprentissage
La parentalité joue un rôle central dans ce processus d’apprentissage. L’environnement propre à une famille de milieux aisés offre, en majorité, un cadre plus propice au développement des enfants : discussions en famille, moments de lecture, soutien scolaire, activités ludiques, artistiques et sportives, vacances… La surreprésentation de situations sociales et familiales rendant l’exercice de la parentalité complexe (familles monoparentales, en situation d’illettrisme ou encore allophone) explique en partie ce déséquilibre. En effet, certains parents ont été eux-mêmes en difficulté voire en échec scolaire produisant ainsi un sentiment d’illégitimité dans l’accompagnement à la scolarité de leur enfant (mauvaise maîtrise des codes scolaires, difficulté pour l’aide au devoir, connaissance limitée des pistes d’études…).
La recherche [1] nous enseigne qu’à l’entrée en maternelle, les enfants issus de milieux modestes présentent un stade de développement du cerveau moins avancé que ceux issus de classes sociales plus aisées. Ce retard d’apprentissage, l’école peine à le compenser. Autrement dit, les chances de réussites scolaires sont étroitement conditionnées au statut social de l’élève et ceci dès l’âge de 3 ans !
Soutenir les parents sans se substituer à eux
Nous ne pouvons pas nous résoudre à ce constat. Combattre efficacement le décrochage scolaire, c’est apporter un soutien solide à la parentalité, dès le plus jeune âge de l’enfant et tout au long de sa scolarité. Et les enjeux sont nombreux : santé, alimentation, apprentissage des fondamentaux (lire, écrire, compter) ouverture culturelle et sociale, soutien scolaire, orientation…
Sur cette thématique, l’action associative est majeure mais nous constatons un nombre encore limité d’acteurs. Il est vrai que le sujet est complexe : comment mettre en place une coéducation sans dévaloriser la place du parent qui reste l’éducateur principal ? Comment créer un lien de confiance avec les parents et réussir à les impliquer dans la scolarité de leur enfant ?
L’exemple de l’AFEV
L’AFEV produit un travail de grande qualité et se positionne comme un acteur incontournable du soutien à la parentalité, comme en témoigne le guide de bonnes pratiques « Créer du lien avec les familles » produit par l’association à la demande de l’ANCT dans le cadre des Cités Educatives. L’AFEV propose un modèle de mentorat unique qui s’effectue au domicile des enfants accompagnés. Ce mode d’accompagnement offre la possibilité à l’étudiant-mentor de nouer une relation privilégiée avec la famille, proche de l’intime et l’intervention à domicile permet ainsi d’entrer dans le quotidien des familles, et d’avoir une vision fine de leurs difficultés, agissant dès lors en toute confiance aux cotés des parents, pour le bien-être des enfants.
Au mentorat s’ajoutent les actions portées par les programmes KAPS et Démo’ Campus ou encore les tiers lieux qui ont un impact positif sur près de 20.000 familles en 2023/24. Il nous semble ainsi naturel que l’AFEV fasse du soutien à la parentalité la thématique de sa JRES 2024.
L’alliance éducative, la clé pour sortir du déterminisme social
La Fondation AlphaOmega accorde une importance toute particulière à l’alliance éducative, entre parents, enseignants et associations. Nous sommes convaincus que cette combinaison d’acteurs est la clé pour lutter efficacement contre les inégalités sociales et éducatives.
Nous plaidons pour une renforcement des actions de soutien à la parentalité que nous jugeons essentielles pour la réussite scolaire des jeunes issus de milieux modestes.
[1] Barasz, J., & Furic, P. (2023). La force du destin : poids des héritages et parcours scolaires. France Stratégie
Journée du Refus de l'Echec Scolaire
L'édition 2024 de la Journée du Refus de l'Echec Scolaire se tiendra à Paris mercredi 25 septembre à l'auditorium du journal Le Monde sous le thème « La parentalité à l'épreuve des inégalités ». Une après-midi d’échanges qui explorera ces enjeux cruciaux et proposera des pistes de réflexion et d'action.
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