Lundi 23 janvier dernier, moins de deux semaines après la cérémonie de lancement du Mois du mentorat à Sciences Po Paris, se tenait la 3ème édition des Assises du Mentorat, qui réunissait l’ensemble des acteurs professionnels et partenaires de cette forme particulière d’accompagnement. Retour sur les interventions, en clôture, de deux grandes témoins : l’experte en activisme Sarah Durieux et… Carole Grandjean, Ministre déléguée à l’enseignement et la formation professionnelle !
Après une plénière d’ouverture animée par Christophe Paris, Président du Collectif Mentorat - en présence de Thibaut de Saint Pol, Directeur de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative, et de Mathieu Maucort, Délégué interministériel à la jeunesse -, et une après-midi consacrée à deux séries d’ateliers thématiques (*), la plénière de clôture a notamment donné la parole à une Ministre et à une experte en activisme, pour recueillir leur avis sur la récente et considérable évolution du mentorat comme de son collectif.
Petite leçon d'activisme...
Dans un premier temps, c’est donc Sarah Durieux, qui aime à se décrire comme « inspirée par le pouvoir que l’on peut construire collectivement pour faire changer le monde » et « experte et formatrice en stratégie d’impact et d’influence, mobilisations citoyennes, community organizing, narratifs, storytelling et campaigning », qui est venue livrer son sentiment sur le mentorat. Ancienne directrice chez Change.org, elle a insisté sur l’importance, au préalable de toute action dans une structure comme le Collectif Mentorat, de bien définir son projet, sinon son message – en l’espèce, le Droit au mentorat ?
En effet, « si viser un idéal constitue bien entendu le point de départ, avec l’idée de passer de réseau à communauté d’action – et l’importance du mot “commun“ -, il est fondamental de s’assurer que l’on dispose bien d’une vision commune. » Ainsi, « avant de savoir ce que l’on veut accomplir, il faut savoir si l’on partage une vision, et quelle est cette vision. » Or il est important de bien déterminer « comment cette vision, nécessairement inclusive, est forgée avec l’ensemble des acteurs, des parties prenantes. »
Rappelant que le « community organizing » est « quelque chose de très ancien, que l’on pratique beaucoup », elle l’a défini comme le fait de « passer de l’idée d’une organisation syndicale dans le cadre du travail à une organisation collective sur un territoire donné, avec une volonté politique, de changement. » Pour ce faire, il faut « que les personnes concernées soient au centre », et que « les gens viennent avant le projet » (« people before project ») – notamment via le renforcement des liens de confiance entre eux.
D’où l’importance de « prendre le temps de se connaître » (en l’occurrence, entre associations partenaires), « pour sortir d’une logique où plusieurs projets sont à côté des autres à une logique commune. » A titre d’exemples, elle a présenté le cas d’un projet d’entrepreneuriat social (En mode climat, qui réunit plusieurs marques et acteurs du textile) puis d’un collectif associatif (NousToutes).
Ensuite, « pour sortir de son premier cercle », et faire gagner de l’audience à son message, il faut bien se demander « en quoi cela peut parler à des personnes qui ne sont pas directement concernées. » Par conséquent, pour elle, « une pétition qui gagne doit avoir un objectif clair en termes de plaidoyer, être adressée à une personne qui a le pouvoir de prendre la décision attendue (et que l’on peut influencer), et parler aux valeurs profondes des gens – soit, pour le mentorat par exemple, le fait que chacun et chacune puisse vivre dignement. »
… et soutien du gouvernement
Prenant la parole à son tour, la Ministre Carole Grandjean (qui était déjà intervenue lors de la dernière Journée du refus de l’échec scolaire co-organisée par l’Afev et l’ANAF) a salué l’action des « chers alliés du mentorat » réunis en cette occasion, dont l’engagement permettra de « transformer l’essai partout en France, sur l’ensemble des territoires » - pour contribuer à ériger « cette société du mentorat à laquelle nous aspirons tous. »
Si elle a remercié ces participants pour leur « engagement, au quotidien, aux côtés de nos jeunes », c’est parce que chaque action de mentorat revient à « poser une petite pierre, qui permet de construire ensemble un chemin sociétal extrêmement puissant. » D’où l’importance selon elle du dispositif Un jeune un mentor, « qui a pour vocation de devenir le réseau de celles et ceux qui n’en ont pas » (pour reprendre l’expression du Président de la République).
Or l’une de ses missions à elle consiste à « mieux faire réussir les jeunes qui passent par la voie professionnelle, ceux qui passent par l’apprentissage. » Ce qui nécessite notamment « un passage à l’échelle du dispositif », qui ne pourra se faire, « sur l’ensemble de nos chantiers, qu’en étant en mesure de pouvoir compter sur vous, partout. » Revenant ensuite sur le cas particulier de la réforme du lycée professionnel, elle a appelé de ses vœux « un élan sociétal extrêmement fort. »
Dans ce cadre, le mentorat pèse d’un poids conséquent, dans la mesure où il est possible de le définir comme « une transmission de compétences sociales, profondément altruiste, gratuite et désintéressée, sans rien attendre en retour ; un trait d’union entre les générations. » Mieux encore, il passe par des « collaborations de terrain » (dont cette séquence présentait deux exemples, dans les Hauts-de-France et la région toulousaine), qui sont « portées à l’échelle locale, où elles trouvent pleinement leur sens. »
Pour toutes ces raisons, Carole Grandjean a confirmé la motivation du gouvernement à maintenir son soutien au Collectif Mentorat.
François Perrin
(*) Retrouvez prochainement, sur le site du Collectif mentorat, les comptes-rendus des ateliers, y compris ceux intitulés « Pourquoi comment et jusqu’où impliquer les parents dans le mentorat ? » (animé par l’Afev) et « Y a-t-il un âge pour être mentor » (coanimé par Socrate).
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