A l’Université polytechnique des Hauts-de-France (UPHF) le jeudi 2 mars dernier avait lieu la restitution par l’Afev d’une enquête Trajectoires-Reflex réalisée auprès de 1 079 lycéens du territoire de l’agglomération de Valenciennes. Avant une séquence dédiée à proprement parler à la parole des jeunes, les parties prenantes et partenaires se sont relayés pour contribuer à faire la lumière sur les spécificités de ce territoire.
« Portée par l’Afev, comme l’ont indiqué en introduction les animateurs de ce temps d’échange - Jérôme Sturla (Directeur du Développement urbain à l’Afev), Pamela Visconti (Déléguée territoriale) et Anaïs Tavernier (Développeuse) -, soutenue par la CAF du Nord » et réalisée par le cabinet Trajectoires-Réflex, cette enquête était « centrée sur la question du logement », mais aussi sur le rapport des jeunes à l’enseignement supérieur et à l’engagement. Ceci, « afin de valider le projet d’implantation de colocations à projets solidaires (Kaps) sur ce territoire. »
Université engagée…
Pour accueillir les participants, la vice-Présidente "Réussite étudiante" de l’UPHF Dorothée Callens a présenté son établissement (14 000 étudiants – dont 1 600 internationaux - et 1 200 « personnels permanents », sur 5 campus), indiquant par ailleurs que le sujet de cette enquête constitue un point d’attention spécifique pour ses instances. Revenant sur le récent changement de dénomination de l’UPHF (ex-Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis), elle a précisé qu’il avait été motivé par le double souhait de « maîtriser [notre] destin et de rester au cœur du territoire. »
Parmi les missions principales de l’UPHF, il s’agit notamment de « favoriser la diversité et les inclusions, en veillant à ce que tous les étudiants aient accès à des opportunités éducatives de qualité » : trois Cordées de la réussite, projet de découverte de l’Université « dès le cycle 3 » (CM2), journées d’immersion, Forum DEM2O (Découverte des métiers pour une meilleure orientation), etc. Tout ceci démontrant le désir de développer « un travail vraiment important avec le territoire. » Franck Barbier, vice-Président de la Commission de la formation et de la vie étudiante du même établissement, na pas dit autre chose en rappelant que « le rapport au territoire, et le désir de fonctionner comme un ascenseur social, est au fondement de la création initiale » de cette université.
… Réels besoins…
La restitution de l’enquête, réalisée par la Chargée d’études de Trajectoires-Reflex Mathilde Rossignol, a pointé à la fois « des lycéens encore incertains sur leur choix d’orientation », une importante volonté d’engagement (32% de l’ensemble, 38% des terminales… et des lycéens se déclarant déjà massivement bénévoles !) et « un intérêt important suscité par les Kaps. » Interrogé à ce sujet, après quelques chiffres sur les actions et le déploiement local de l’association livrés par Pamela Visconti (« plus de 600 enfants touchés par les actions, dont 340 accompagnés individuellement »), le Délégué régional Hauts-de-France de l’Afev, Cédric Laigle, a exprimé son sentiment en ces termes : « Si je trouve que le chiffre de 18% de jeunes en terminale se disant prêts à entamer des études supérieurs est très faible, j’ai été très frappé par le fait que 40% des lycéens s’engagent… C’est assez bluffant ! »
Présentant ensuite le projet des colocations à projets solidaires Kaps développé dans la région depuis 2015, il a donc tout naturellement estimé qu’il y avait « un vrai besoin » d’en développer à Valenciennes, « dans une logique de proximité, pour permettre à des jeunes de décohabiter en douceur, tout en leur donnant ensuite la possibilité d’habiter un territoire en s’engageant. » Pour éviter de démotiver, aussi, des étudiants soumis à « une très forte pression liée au fait de vouloir ne pas rater leurs études », et permettre aux familles de mieux percevoir les atouts de la mobilité étudiante.
… et partenaires alignés
Une analyse partagée d’abord par Marine Mineur, Chargée de conseil et de développement en Action sociale pour la CAF du Nord, qui a expliqué pourquoi la CAF, « dans le cadre du dispositif Public et Territoire », soutenait « ce projet répondant à un besoin pour lequel aucune réponse institutionnelle n’existe actuellement »… Puis par Antoine Sillani, Conseiller régional délégué à la jeunesse et à la vie associative. Cet "enfant du pays", particulièrement motivé par le fait de s’exprimer dans ce cadre, a affirmé : « Les résultats de ce sondage m’ont renvoyé à ce que je me disais il y a dix ans, à la lecture d’enquêtes nationales indiquant que le logement n’était pas un frein à l’accès aux études : mais quels jeunes ont-ils interrogés ?! ».
Pointant deux freins majeurs – la « question financière » et « le frein culturel » propre à ce territoire -, il est revenu sur son expérience personnelle pour mesurer le chemin restant à accomplir : « Au début, en décohabitant, on est complètement perdu ! J’avais heureusement la chance d’avoir à Lille un cousin plus âgé que moi. » Ainsi, « je remercie l’Afev, qui met en lumière une problématique qui concerne énormément de jeunes dans les Hauts-de-France – parce qu’il n’y a pas de jeunes que dans les grandes villes : il y en a partout. »
François Perrin
Partager cet article