La vie étudiante est dans l’imaginaire collectif le moment de tous les possibles et celui des galères financières. C’est l’espoir d’une vie meilleure, pour les plus modestes, qui justifie souvent tous les sacrifices familiaux et/ou personnels. C’est aussi, de façon singulièrement croissante, le temps d’un engagement pour participer à une société solidaire.
Pour la plupart des jeunes, c’est un moment d’activité sociale intense qui sera déterminant pour leur avenir personnel et professionnel. Certain.e.s jeunes rêvent de devenir étudiant.e.s, pour le statut valorisant et rassurant qu’il confère dans notre société, dans cette période instable de passage à l’âge adulte
Au-delà du diplôme qui reste le Graal à atteindre, il devient de plus en plus important pour les lycéen.ne.s de vivre une expérience étudiante réussie. Acquérir des compétences transversales indispensables à l’insertion, trouver du sens à ses choix d’orientation et professionnels, faire de nombreuses rencontres, devenir autonome, voyager, sont autant de passages nécessaires pour ouvrir leur champ des possibles. La plupart des cours se poursuivent aujourd’hui à distance, tout ce qui constitue l’essence de l’expérience étudiante réussie a presque disparu.
Les étudiant.e.s confronté.e.s à la précarité et à l’isolement
Depuis bientôt un an, pour beaucoup, la vie étudiante est devenue synonyme de difficultés financières, tandis que la crise sanitaire s’aggrave. Cette dernière plonge les étudiant.e.s les plus modestes dans une situation souvent critique, majoritairement au sein des universités. L’insécurité financière des étudiant.e.s n’est pas nouvelle ; mais cette période nous réinterroge sur ses causes profondes et sur ce qu’elle renvoie aux jeunes en général. Les étudiant.e.s sont précaires; ils sont pourtant un levier de développement local majeur des territoires où ils vivent. Or, pour répondre aux nouveaux besoins des territoires, la création d’emplois et de missions adaptées à leurs compétences et aspirations, (lutte contre les inégalités, réchauffement climatique, prévention santé…), peut venir soutenir efficacement l’objectif de « Territoires zéro étudiant sans ressource ».
Si toutes les institutions, à juste titre, se préoccupent des besoins matériels et pédagogiques des étudiant.e.s, ces dernier.e.s peuvent néanmoins ressentir un manque spécifique : l’expérience de l’autre, partageant les mêmes espaces, vivant les mêmes réalités, porté vers les mêmes ambitions - toutes ces micro-sociabilités du quotidien qui se révèlent indispensables.
Reconnaître les étudiant.e.s comme des acteurs du développement local
Pendant cette période, certain.e.s étudiant.e.s ont cherché à garder cet essentiel en restant confiné.e.s dans leurs colocations étudiantes, en investissant des tiers lieux pour partager leurs cours en visio, en s’engageant dans des actions de solidarité étudiante pour maintenir des liens sur les campus (mentorat, distribution alimentaire, actions pour le climat…) et pour partager entre pairs ces moments si singuliers. Au cours du premier et du deuxième confinement, les étudiant.e.s ont largement démontré qu’ils sont avant tout des citoyen.ne.s engagé.e.s au service de l’intérêt général. Il est urgent de valoriser leur engagement dans les cursus en validant les compétences acquises, autant qu’il importe désormais de reconnaître que l’engagement étudiant recouvre une fonction de développement local pour de nombreux territoires.
Si nous devons retenir un enseignement de cette période pour améliorer la réussite et le bien-être des étudiant.e.s, il est temps de considérer la vie étudiante comme un élément constitutif de la réussite des parcours universitaires. Ne retenons pas uniquement les évolutions pédagogiques digitales, intégrons également le développement des micro-sociabilités qui fondent une expérience étudiante réussie.
Nous pouvons d’ores et déjà préparer la rentrée 2021, en développant le mentorat étudiant vers les lycéen.ne.s jusqu’à l’entrée en L1 et en généralisant des temps d’immersion dans les établissements d’enseignement supérieur dès que les conditions sanitaires nous le permettront.
Les étudiant.e.s sont majoritairement prêt.e.s à s’engager, bénévolement ou via le volontariat en Service Civique, pour aider leurs pairs à entrer plus facilement dans leur communauté et à donner envie aux plus jeunes de s’y projeter.
Comme l’a récemment écrit l’enseignant chercheur Olivier Ertzscheid, la plupart de ces sociabilités sont “covid compatibles” : il est urgent de les rendre de nouveau possibles pour tous les étudiant.e.s.
Afev - www.afev.org
Animafac - www.animafac.net
REFEDD - www.refedd.org
Socrate - www.associationsocrate.org
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