Jeudi 30 novembre en fin de journée avait lieu à Bruxelles une double inauguration : celle de l’Inclusion Lab de BNP Paribas Fortis, un espace de coworking que partage désormais l’Afev avec quatre associations belges… et, du même coup, celle de la première antenne de l’Afev outre-Quiévrain, dans la capitale belge - où siègent également la plupart des institutions de l’Union européenne. Retour sur une soirée qui marquait une nouvelle étape tant du renforcement de la politique européenne que du développement territorial de l’association.
C’est rue Montagne-du-Parc, à Bruxelles, que s’étaient rassemblées, pour l’occasion, un grand nombre de parties prenantes de ce tout nouvel Inclusion Lab de BNP Paribas Fortis, au cœur du nouveau siège social de la banque. Nouveau siège inauguré quant à lui à l’automne 2021, et qui associe, selon ses architectes (Baumschlager Eberle Architekten, Styfhals & Partners et Jasper-Eyers Architects), « réflexion urbaine et écologique de haut niveau et conception attrayante des espaces. » Dans ce complexe tout en ouvertures et amples espaces, l’Inclusion Lab à proprement parler accueille désormais cinq associations « qui veulent promouvoir l’intégration et l’éducation de jeunes et d’enfants en situation de précarité. »
BNP Paribas Fortis, puissance invitante… et accueillante !
Ainsi, on trouvait en cette soirée, autour de Daniël de Clerck, Chief Operating Officer (COO) et Membre du Comité Exécutif de BNP Paribas Fortis et premier à prendre la parole, les représentants des cinq associations concernées – dont l’Afev, qui avait convié pour l’occasion l’ensemble de son bureau et de ses Délégués régionaux, de l’Occitanie à la Normandie et du Grand-Est aux Hauts-de-France -, des salariés de la banque impliqués en tant que bénévoles dans plusieurs programmes de la Fondation BNP Paribas Fortis, mais aussi des personnalités comme Martin Casier, député au Parlement bruxellois et au Parlement de la Communauté française de Belgique, ou encore Sylvie Guillaume, Députée européenne.
Pour introduire son discours – qu’il a livré partiellement en néerlandais -, Daniël de Clerck a rappelé que « l’éducation, comme levier d’inclusion pour les jeunes et les enfants en difficulté, a toujours été au centre des préoccupation [de la Fondation], depuis sa création il y a 13 ans, avec une attention particulière portée à la lutte contre la précarisation de ces publics fragiles. » Il a alors évoqué des initiatives comme le programme d’appels à projets Champions, « qui a lieu chaque année, dont certains lauréats sont présents ici, et qui permet de soutenir de manière significative dix projets d’associations pendant deux ans » ; un « programme de soutien dédié aux jeunes étudiants issus de l’immigration » ; ou encore « l’aide apportée à des associations travaillant sur l’inclusion digitale et l’éducation numérique des jeunes en difficulté. »
Bien convaincu que « le droit à l’éducation est essentiel, car celle-ci peut agir comme un outil puissant permettant de briser le cercle vicieux de la pauvreté, et participer à la réduction des inégalités », il s’est réjoui du fait que désormais, l’Inclusion Lab allait devenir « tout d’abord un espace de vie et de réflexion, d’échanges où toutes les associations auront la possibilité de travailler et collaborer ensemble ; mais aussi et surtout de mutualiser leurs moyens et leur expertise, dans le but commun qu’elles poursuivent. » Le tout, avec l’ambition plus large pour la banque de lutter contre les inégalités en « créant des liens de proximité entre notre nouvel immeuble et les communautés locales, les associations et nos nombreux collègues bénévoles – dont beaucoup sont ici présents. »
Cinq associations réunies
Cinq associations vont s’y installer, a-t-il poursuivi, et j’espère que d’autres vont les rejoindre par la suite. » Cinq associations qu’il s’est alors chargé de présenter l’une après l’autre :
- Odyssée asbl, « qui accompagne depuis 22 ans déjà des jeunes issus du milieu précarisé à se remettre en projet, et travaille énormément avec des écoles à indice socio-économique très bas, avec des maisons médicales sociales et des CPAS [Centres publics d’action sociale] » - représentée par sa Directrice Catherine Sztencel, qui a tenu à remercier tout particulièrement Anne-France Simon et Caroline Vergeylen, respectivement Directrice de la diversité et de l’inclusion sociale et Project Manager chez BNP Paribas Fortis.
- La Scientothèque, « qui a pour mission principale de contribuer à la diminution des inégalités sociales, en accompagnant des jeunes de 4 à 20 ans via des ateliers scolaires et extra-scolaires, sur une approche pluridisciplinaire : sciences, technologies, maths, arts, ingénierie… » - représentée par sa Coordinatrice Patricia Corieri, qui a indiqué que son association était jusqu’ici « malheureuse en termes d’hébergement » et déclaré : « C’est une délivrance d’être ici ! »
- La Fondation pour l’enseignement, « laquelle via des collaborations entre l’école et l’entreprise améliore l’équité et la qualité du système éducatif, au travers de l’analyse de propositions concrètes et de projets innovants, co-construits avec les acteurs de l’écosystème » - et dont il a également cité « le projet Story Me, un projet d’intelligence collective que nous soutenons depuis la première heure, avec d’autres fondations et associations. »
- ToolBox, « dont la mission est d’améliorer la gestion d’organisations à finalité sociétale, pour des bénéficiaires qui sont en Belgique. Et ce, grâce au bénévolat de compétences auquel, là aussi, de nombreux collègues de la banque se sont engagés » - représenté par sa Directrice Cécile Vennat, qui a confirmé que « la collaboration entre le marchand et le non-marchand » était « la raison d’être » de l’association.
Concernant l’Afev enfin, et avant de céder la parole à deux de ses dirigeants, Daniël de Clerck a indiqué aux participants qu’il s’agissait d’une association « très connue en France, soutenue par la Fondation BNP Paribas depuis 32 ans, qui crée des passerelles entre campus et quartiers populaires, en mobilisant des étudiants dans des actions de solidarité – comme le mentorat par exemple. Et qui s’implante, donc, en Belgique pour la première fois. » Il a enfin conclu en adressant directement à ces cinq « chères associations » ces quelques mots : « Votre enthousiasme, votre énergie, votre engagement au quotidien contribuent à améliorer le monde dans lequel nous vivons, et nous encouragent – plus que jamais – à vous soutenir dans vos efforts. »
Premiers pas de l’Afev en Belgique…
Seule association jusqu’ici "non locale", puisqu’établie depuis plus de trente ans en France et douze en Catalogne, l’Afev a enfin disposé d’un temps de parole spécifique – lui permettant sans doute de mieux se présenter face à une audience à très forte majorité belge. C’est sa Présidente, Clotilde Giner, qui a ouvert le bal, en exprimant son « vrai plaisir d’être ici ce soir, pour l’inauguration de ce lieu atypique et très intéressant, qui prône l’inclusion et la création de lien social – soit, ce que défend l’Afev depuis plus de trente ans. » Disposant d’une expertise solide de l’autre côté de la frontière, l’association considère comme un atout le fait « d’être aux côtés d’associations déjà présentes en Belgique depuis très longtemps (…) qui seront également une source d’inspiration pour nous, pour notre travail en Belgique. »
L’Afev, a-t-elle poursuivi, ce sont « 20 000 étudiants ou jeunes actifs en France, impliqués au quotidien dans la lutte contre les inégalités sociales, pour la création de liens avec les enfants -notamment – des quartiers populaires, et qui se mobilisent à travers différents programmes, dont deux en particulier : le mentorat, que nous mettons désormais en œuvre en Belgique, et les colocations à projet solidaire – les Kaps –, qui sont assez largement inspirées des Kots-à-projets de Louvain-la-Neuve » - que l’association a « découvertes il y a plusieurs années » et qui lui ont permis « d’essaimer en France. » Ce travail a permis, « au cours de ces 30 ans, à plusieurs centaines de milliers d’enfants et de jeunes de bénéficier d’un accompagnement, de se sentir à l’aise dans leur vie grâce à l’accompagnement d’étudiants qui, eux-mêmes, ont été complètement transformés par cette expérience. » Ce qu’elle a d’ailleurs annoncé en connaissance de cause, puisqu’elle a été elle-même « bénévole de l’Afev il y a vingt ans, (…) une époque transformatrice pour moi et dans ma carrière. »
A l’entendre, le lancement de l’Afev en Belgique, dans le cadre de l’Inclusion Lab, est à la fois l’occasion « de constater la vitalité de l’engagement en Belgique, la vitalité des actions de lutte contre les inégalités sociales (Nous n’arrivons pas sur un terrain où rien ne se passe, bien au contraire ! » ; « de constater aussi qu’existent de nombreuses associations, qui font déjà tout un travail et vont pouvoir aider nos équipes dans leur appropriation des lieux et de l’expérience associative en Belgique » ; et enfin l’occasion « de débuter d’abord par un mentorat auprès d’enfants allophones, nouvellement arrivés en Belgique – soit des personnes en manque de repères dans un nouveau pays, qui vont ainsi pouvoir se raccrocher à une personne qui va les aider à découvrir une nouvelle société, à se sentir bien là où elles sont. » Ces premiers enfants mentorés ont été identifiés par deux acteurs locaux, les bureaux d’accueil pour primo-arrivants Convivial et VIA – ce qui permettra, dès cette première année, de constituer déjà « entre 40 et 60 binômes. »
… nés d’une « triple rencontre »
De son côté, le Directeur général de l’Afev, Christophe Paris, est revenu sur la dimension exceptionnelle de « cette double inauguration : celle de ce lieu incroyable qu’est l’Inclusion Lab, et celle de l’implantation de l’Afev ici à Bruxelles, à laquelle nous travaillons depuis deux ans » (avec Julie Pace, nouvelle responsable de l’Afev Bruxelles, plus récemment la stagiaire Fadwa Aaros, et Cédric Laigle, Délégué régional Hauts-de-France). « C’est donc un aboutissement, qui nous touche beaucoup », a-t-il affirmé, avant d’expliquer à quel point « l’arrivée de l’Afev à Bruxelles est l’histoire d’une triple rencontre. »
D’abord, la rencontre « entre le projet européen et notre projet associatif », née elle-même d’une triple conviction : celle que « notre projet de mobilisation d’étudiants pour lutter contre les inégalités de parcours, utile en France, peut l’être aussi ailleurs » ; celle que « l’Europe ne sera pas durable si l’on n’invente pas aussi une Europe de la citoyenneté » ; et enfin celle, nourrie par l’expérience de l’ouverture de l’Afev à Barcelone douze ans plus tôt, « que ces ouvertures internationales nous transforment, nous permettent de découvrir de nouveaux territoires, de nouvelles problématiques, une nouvelle façon de voir – c’est aussi pour nous une façon de rester vivants, c’est-à-dire en mouvement. »
Ensuite, la rencontre « entre une association et un territoire – et, au-delà d’un territoire, surtout des rencontres humaines » incarnées par des acteurs (comme Duo for a job ou l’Université libre de Bruxelles (ULB) par exemple) « qui nous ont accueillis, ont pris du temps pour nous expliquer le fonctionnement, notamment, de l’éducation en Belgique, nous ont fait rencontrer les bonnes personnes, nous ont permis de poser ensemble un diagnostic… » Ainsi, « si nous restons attentifs à être bien complémentaires, nous serons en mesure de proposer quelque chose de réellement utile. »
La rencontre, enfin, « entre une association et une banque. » A ce titre, Christophe Paris a rappelé qu’au début des années 90, « une petite association française, qui venait de naître, rencontrait la Compagnie bancaire, qui a fusionné ensuite avec Paribas, puis été intégrée dans le groupe BNP Paribas. » Or, à chacune de ces étapes, « le soutien à l’Afev a survécu ; au fil du temps, à tous les moments, nous avons travaillé avec eux, ils nous ont accompagné pour grandir. » Pour cette raison, « être ici, ce soir, chez BNP Paribas Fortis et lancer l’Afev en Belgique avec vous, cela a beaucoup de sens pour nous, qui sommes très touchés de cette histoire commune. »
Une histoire commune qui suscitera d’ailleurs, sur Linkedin au moment de la diffusion d’un message à propos de cette inauguration, le commentaire suivant d’Isabelle Giordano, Déléguée générale de la Fondation BNP Paribas : « Un projet très symbolique, dans un lieu inspiré en partie par l’Ascenseur. On est fiers. Et surtout une extension européenne qui rappelle l’importance des enjeux au niveau de l’Europe ou plus que jamais défendre les droits des jeunes, se battre contre les inégalités de destin et pour le mentorat, pour les valeurs de l’Engagement et de la solidarité : vrai projet pour nous tous et pour l’Europe. Bravo l’Afev ! » Christophe Paris a par ailleurs conclu son propos en remerciant également la Fondation Hippocrène, « qui en janvier dernier a accepté de participer aussi au financement de l’Afev Bruxelles. »
François Perrin
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