Les enquêtes sur la défiance croissante envers la vie politique, la montée de la pensée antisystème, le refuge probable de certains électeurs dans un vote d’extrême droite sont autant de signaux alarmants quant à la santé de notre système démocratique. Comment, dès lors que la confiance en nos institutions s’affaiblit, penser que le pacte social ne risque pas lui aussi d’être mis en difficulté ? Comment faire société, lorsque « l’heure est à la mini politique » selon Alain Touraine, quand le taux d’adhésion dans les partis politiques et syndicats est en baisse constante, quand l’abstention devient durable et massive, en particulier dans les milieux populaires? Comment construire avec les nouvelles générations quand 30 % des jeunes et près de 40 % des 25-30 ans ne se reconnaissent dans aucune des propositions politiques ?
La défiance exprimée envers la politique ne doit pas pour autant être interprétée comme un désintérêt pour la chose publique. Plus de la moitié des jeunes déclarent que la politique est importante dans leur vie, plus de 8 jeunes sur 10 suivent son actualité. Mais cette défiance sous-tend en elle une insatisfaction profonde quant au fonctionnement actuel d’un système démocratique, qui n’a pas encore pris le pas de la révolution suscitée par Internet et les réseaux sociaux : l’horizontalisation des rapports sociaux, l’émergence de nouveaux lieux d’expression politique et la demande d’une plus grande prise en compte de la voix des citoyens. Ainsi, la reconnaissance du vote blanc, la réservation de sièges d’élus au profit des catégories les moins représentées comme les femmes, les jeunes, les minorités visibles, la limitation dans le temps du nombre de mandats par élu sont des mesures souhaitées par une large majorité des jeunes pour améliorer le fonctionnement de la démocratie.
Une large majorité des jeunes souhaitent également une facilitation des démarches administratives pour voter. Elargissons donc le choc de simplification à l’inscription électorale. Trop de personnes restent en effet non inscrites ou inscrites en dehors de leur lieu de résidence habituel.
Entendons l’appétence des jeunes pour une meilleure compréhension des enjeux politiques. Ils sont très nombreux à souhaiter plus d’espaces d’explication et de débats à l’Ecole, et la création de lieux de participation et de dialogue dans leur ville, les conseils d’enfants et de jeunes.
Dotons-nous des moyens nécessaires pour faire progresser la transparence dans l’action publique, encourager le débat, tenir compte de l’avis des citoyens. La démocratie y gagnerait un nouveau souffle.
Appuyons-nous sur l’envie d’engagement dans la vie associative et la vie locale. Plus de la moitié des jeunes déclarent déjà avoir agi dans une association ou en faveur d’une personne dans le besoin. 8 jeunes sur 10 pensent que l’action associative est un levier essentiel pour renouveler la démocratie. Ils sont par ailleurs nombreux à souhaiter qu’il soit plus facile de rejoindre un syndicat ou un parti politique.
Il y a de réelles raisons de croire en un renouveau de l’action collective, pour autant que les organisations associatives, politiques, syndicales, s’appuient sur la demande d’action concrète et de reconnaissance qui s’exprime. Faisons confiance à la jeunesse ! Osons le printemps démocratique pour ne pas risquer l’avènement d’une démocratie de l’abstention !
Elise Renaudin, directrice déléguée de l'Afev
Crédit photo Flickr CC acampadapraga
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