Le rapport de l’Observatoire de la jeunesse solidaire rappelle l’universalité du constat (7 jeunes sur 10 ont rencontré des difficultés dans leurs parcours), et souligne les inégalités qui les frappent de manière flagrante, entre les diplômés, en CDI, issus de foyers CSP+ et ceux qui cumulent absence de diplôme et emploi précaire : les premiers n’ont pas ou peu connu de difficultés, les seconds se retrouvent parmi ceux qui ne peuvent décohabiter ou sont contraints de sacrifier leur santé, leurs loisirs pour payer un logement autonome.
Face à ce rappel et à ces chiffres partagés depuis des années, certaines questions méritent d’être posées collectivement.
En premier lieu, essayer de définir ce que devrait être le logement pour les jeunes, à partir des usages et des caractéristiques de cette population et non pas à l’aune de l’existant.
Leur demande-t-on leur avis, aux jeunes ? Est-on certain qu’ils souhaitent tous un logement individuel ? Sont-ils attachés aux mêmes droits qu’une famille ? Veulent-ils tous être locataires ? Ont-ils tous besoin d’être accompagnés ? Et d’ailleurs, cherchent-ils un logement ou plutôt un refuge, une halte, un accueil, un espace de contact et d’échange, un habitat….?
Au lieu de raisonner selon une classification aujourd’hui dépassée - jeunes travailleurs, étudiants, en formation, apprentis, ou stagiaire - qui conduit à des politiques « saucissonnées », il serait bon de prendre en compte les caractéristiques propres à cette population :
- Des modes de vies, statuts, et donc des besoins différents,
- Un coût du logement supporté plus élevé que le reste de la population, malgré l’insuffisance de leurs ressources propres
- et surtout – si ce n’est la principale – des situations personnelles en mutation constante, au gré de leur construction individuelle, de leur recherche d’insertion dans notre société. Au-delà des différences, ils gardent une caractéristique commune qui est la non-complétude de leur situation.
Or il est urgent aujourd’hui pour tous les acteurs de prendre en compte le caractère fondamentalement évolutif et mobile de leur situation, pour adapter les aspects juridiques et réglementaires du logement et développer des offres en adéquation avec leurs « parcours de situation ».
Enfin, il est impératif de considérer le logement des jeunes comme une priorité, non pas seulement pour les jeunes eux-mêmes, mais pour l’ensemble de la société. Les difficultés d'accès au logement sont un frein à la mobilité nécessaire à l’accès à l’emploi et aux études. Mais ces difficultés freinent également la prise d’autonomie de chacun et donc la construction de son identité, la mise en œuvre de ses décisions, tout simplement, la constitution de son rapport au territoire et à la société.
Nous lançons un appel à l'ensemble des acteurs de notre société, monde de l’enseignement et de la formation, collectivités et Etat, associations, monde économique afin qu’ils unissent leurs efforts et proposent une politique globale d’habitat en direction de tous les jeunes, qui prenne en compte leurs besoins, leurs différences, et réponde ainsi aux enjeux de nos sociétés.
Ce serait un formidable message de solidarité lancé en direction de toutes nos jeunesses, et un réel engagement de confiance pour l'avenir.
Béatrice Mérigot, Responsable nationale KAPS, Kolocs à Projets Solidaires
Nicolas Delesque, Président de Logement Solidaire Conseil
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