Les 22 et 29 mars 2015 se tiendront les élections départementales. Le risque est grand d’une nouvelle vague abstentionniste. Depuis 30 ans en France, les électeurs boudent dans une proportion toujours grandissante les urnes. Des coups de semonce viennent nous rappeler régulièrement que la démocratie se lézarde et pourrait brutalement s'effondrer.
Impliquée depuis de nombreuses années dans une association de jeunesse, j'observe avec un effarement croissant la fracture qui se creuse entre les citoyens et la classe politique. Contrairement aux idées préconçues, ce n'est pas parce que les Français ne s'intéressent plus à la chose publique, bien au contraire. Souvenons-nous des débats sur l'avenir de l'Europe en 2005. Il y a quelques semaines encore, un mouvement d'ampleur historique venait défendre la liberté d'expression. Si de plus en plus de nos concitoyens décident de ne pas se rendre aux urnes, c’est qu’ils ont le sentiment que leur vote ne sera pas pris en compte et que la politique se joue malgré eux. Cette fracture est devenue un vide béant qui se nourrit du populisme et de la démagogie.
Ne laissons pas notre avenir nous échapper. Non, l’abstention ne doit pas être la solution ! Les partis politiques ne sont pas tous les mêmes et les visions de société qui s’y expriment différentes dans leurs approches. S’abstenir, c’est finalement laisser les autres choisir à notre place. C'est aussi permettre aux femmes et aux hommes politiques ne pas se remettre en question. C'est enfin leur donner la possibilité d'agir sans se sentir l'obligation de rendre compte de leur action, puisqu'en vérité une minorité des électeurs les a élus.
Lors des élections européennes de 2014, le premier parti de France n'était pas celui de Marine Le Pen. En effet, 10% des électeurs s'étaient exprimés en faveur du Front National, 8% en faveur de l'UMP et 6% en faveur de l'Union de la Gauche. Le premier parti de France, c'était celui de l'abstention, puisque près de 60% des électeurs ne s'étaient pas rendus aux urnes.
Alors, certes, les responsables politiques n’ont pas tous pris la mesure de l’effritement du système démocratique et de l’impérieuse nécessité d’imaginer avec les citoyens une démocratie nouvelle, qui a compris que les valeurs républicaines ne s’imposent pas, mais qu’elles se co-construisent. L’esprit du 11 janvier qui a vu des millions de personnes se mobiliser ne doit pas s’éteindre en mars. Exprimons-nous aussi dans les urnes, quitte à glisser un vote blanc, qui peut désormais être comptabilisé et permet à l’électeur d’exprimer qu’il a décidé de ne pas choisir parmi ce qui est proposé. La démocratie sera ce que nous en ferons.
Elise Renaudin, directrice déléguée de l'Afev
Illustration photo via Flickr CC par Laurence Vagner
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