La demande de participation qui ressort de l'enquête de l’Observatoire de la jeunesse solidaire est tout à fait intéressante : les actes que les jeunes considèrent comme politiques sont très inclusifs. Ils expriment un désir d’être consultés et considérés comme des acteurs. Sur le versant négatif, on note de l’indifférence plutôt que de la contestation ou de la révolte. On est donc assez loin de l’image romantique de la jeunesse comme force insurrectionnelle. Il s’agit plutôt de combler une distance, une ignorance que d’imaginer une autre politique. Une plus grande demande de participation donc (en particulier dans la vie locale, dans la politique de proximité), mais une relativement faible demande de promotion de la diversité visible : les critiques à l’égard du cumul des mandats, du manque de représentation des minorités, et la demande d’un droit de vote pour les étrangers aux élections locales, notamment, me semblent peu affirmées ici.
De 15 à 30 ans... un désintérêt pour la politique qui s'accroit
Autre enseignement intéressant : malgré l’absence de communauté d’expérience entre un ado de 15 ans et un jeune adulte de 25 ans on a le sentiment d’un continuum assez net. Cela va à l’encontre de l’idée selon laquelle, à mesure que l’on avance en âge et qu’on franchit des étapes de l’autonomie, on a de bonnes raisons de s’intéresser à la politique, si bien qu’à 30 ans on rejoint la condition commune. Ici, la politique intéresse 48 % des 15-17 ans, 46 % des 18-24 ans, 53 % des 25-30 ans. Le mouvement d’ensemble montre bien un intérêt croissant à mesure qu’on grandit mais comment expliquer le creux des 18-24 ans ? Peut-être peut-on y voir un léger « effet de génération » : les 25-30 ans ont pu être marqués par le 21 avril 2002 et les clivages forts des années Sarkozy, tandis que les 18-24 ans sont plus marqués par la crise ouverte en 2008 et le sentiment d’impuissance politique qui l’accompagne.Contre les discours d'emballage des partis traditionnels
Le principal levier pour accroître la participation des jeunes à la vie politique me semble être l’amélioration de l’offre de militantisme. Pour ce faire, une démarche active est requise de la part des institutions et des partis pour favoriser l’entrée des jeunes dans la sphère publique. Certes, on entend régulièrement une sorte de « discours d’emballage » de la part des élus politiques qui s’alarment du désintérêt des jeunes vis-à-vis de la politique. Mais que font-ils concrètement pour s’adresser à eux ? Tout est rapidement neutralisé par les enjeux institutionnels internes où l’on craint les bouleversements provoqués par l’arrivée des jeunes. Cette crispation est, heureusement, moins patente au sein des syndicats et du monde associatif. Il faut savoir renvoyer les acteurs à leurs responsabilités : la façon dont sont organisés les mouvements jeunes au sein des partis, entre sollicitude et méfiance, revient à parquer les énergies dans une sorte de « Club Mickey » en attendant de voir. Ce n’est évidemment pas suffisant.Pas d'âge pour agir pour la jeunesse
Enfin, je note que le vote à 16 ans recueille peu d’adhésion. C'est une très mauvais idée. Le fait de déplacer le seuil d’entrée dans la vie politique ne changerait rien pour les jeunes. On peut simplement faire le pari qu’une telle mesure n’aurait pour seule conséquence qu’un accroissement de l’abstention. Je ne suis pas certain qu’il faille être jeune pour agir pour la jeunesse. Marc-Olivier Padis, directeur de la rédaction de la revue Esprit et membre fondateur du think tank Terra NovaPartager cet article