« Donner plus à ceux qui ont moins », c’était l’axiome qui sous-tendait la logique des zones d’éducation prioritaire et qui doit rester le fil conducteur d’une politique éducative qui veut s’attaquer aux inégalités. Une politique d’éducation prioritaire, doit prioriser, et on le sait : cette priorisation ne se fait pas de gaieté de cœur. On peut néanmoins saluer la logique du ministère qui souhaite combiner la priorisation par territoire combinée à une action par établissement avec une répartition des moyens proportionnelle à la difficulté sociale des élèves pour les établissements prioritaires… et les autres ! On se permettra de remarquer que le label Education prioritaire, si on en juge par les vives réactions des personnels et parents d’élèves des établissements sortants, n’agit pas, comme on l’a longtemps cru comme un répulsif, au contraire ! La réforme de l’éducation prioritaire était nécessaire, mais il faut être attentif à prendre en considération chaque situation particulière et à accompagner les sorties de ZEP pour que les établissements qui commençaient à aller mieux, de fait, ne régressent. Outre la priorisation des moyens, l’incitation à la mixité sociale est l’un des leviers essentiels pour permettre aux établissements qui vont mal d’aller mieux. Donner plus aux établissements qui concentrent les publics les plus en difficulté, c’est bien. Casser les effets de ghettoïsation, c’est mieux. D’ailleurs, on le constate, les établissements sortants de ZEP sont ceux dont la population est devenue plus hétérogène socialement, ce qui est en soi une bonne nouvelle. Comment rendre attractifs les établissements des quartiers populaires (prioritaires ou pas) pour que les familles des classes moyennes qui investissent des quartiers sensibles ne rechignent pas à y mettre leurs enfants ? Comment mettre en œuvre la déségrégation sociale que, selon Nathalie Mons, les familles populaires appellent de leurs vœux ? On constate en ce sens que la carte scolaire est un levier aujourd’hui insuffisant. Une politique efficace de lutte contre les inégalités doit être en mesure de prioriser mais aussi de déségréguer : chantier immense et complexe que nous appelons de nos vœux et qui dépasse le périmètre de la ministre de l’Education Nationale. Eunice Mangado-Lunetta, directrice déléguée de l’Afev Crédit photo Ecole Romainville B
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