Yannick Blanc : "S’engager, c’est valoriser la contribution singulière de chacun aux causes collectives."

A l'occasion de la sortie des résultats de l'Observatoire de l'Engagement des Jeunes, Yannick Blanc, Haut-commissaire à l'engagement civique nous partage son avis sur les valeurs et les nouvelles formes d'engagement de la jeunesse. LES DÉFIS D’UNE SOCIÉTÉ INCLUSIVE "Au moment où le Gouvernement lance la concertation avec la jeunesse sur le projet de Service national universel, l’édition 2018 de l’Observatoire de l’engagement des jeunes permet de poser quelques uns des termes essentiels du débat et balaie quelques idées reçues. La première valeur des jeunes, et notamment des jeunes femmes, est le respect. Quant à l’engagement, il est le plus souvent déclenché « par un événement qui vous touche personnellement ». Ces deux réponses permettent de comprendre ce qu’est l’individualisme contemporain : ni un repli sur soi, ni un refus du collectif, mais un système de valeurs qui tourne autour de la personne. S’engager, ce n’est pas, comme pour les militants de jadis, s’effacer devant le collectif, c’est au contraire valoriser la contribution singulière de chacun aux causes collectives. Les jeunes esquissent ainsi leur vision d’une société inclusive : une société où chacun se voit reconnaître son intégrité et sa singularité. Les jeunes définissent l’engagement comme l’expression d’une conviction, le moment où l’adhésion à des valeurs s’exprime dans une action aux effets directement visibles, d’où leur préférence pour les causes ayant une dimension locale. Mais à rebours de bien des idées reçues sur le zapping de l’engagement et sur le bénévolat informel, ils désignent clairement l’association comme le lieu privilégié de l’engagement et la fidélité à une association comme un facteur d’efficacité, à condition que celle-ci soit aussi un vecteur de formation et leur donne un réel pouvoir d’agir en leur permettant de prendre des initiatives. A leurs yeux, le Service civique se distingue nettement de l’engagement bénévole: il se place moins sous le signe des valeurs et de la conviction que sous celui de l’utilité et de la cohésion sociale. En contrepartie, il doit être un levier de formation et d’insertion professionnelle. L’image de l’engagement qui émerge de l’enquête éclaire le défi que doit relever le Service national universel : être inclusif, c’est-à-dire tenir la promesse qu’aucun jeune, quelles que soient les forces et les faiblesses de sa singularité, ne se verra dénier la possibilité d’avoir sa place dans la société, et être utile au parcours de formation. On retiendra enfin que l’environnement et la santé sont en tête des préoccupations des jeunes, alors même que ce sont des causes pour lesquelles l’offre d’engagement est aujourd’hui très insuffisante. Cela devrait inciter les acteurs publics et associatifs à délaisser l’approche technicienne et normative de ces questions au profit d’une vision plus stratégique s’appuyant sur la contribution citoyenne."

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