Du 28 au 30 juin dernier, se tenait à Amiens l’Université d’été de l’Afev, notamment marqué par la passation de pouvoir entre l’ancienne (Nathalie Ménard) et la nouvelle Présidente (Clotilde Giner). Retour sur quelques temps forts de cette séquence mêlant célébrations et réflexions, festivités et projections vers l’avenir.
Séance d’ouverture : une multitude d’acteurs, partenaires
Dès la séance d’ouverture, le ton était donné : pour cet événement d’importance pour l’association, tous les représentants du territoire étaient représentés, dans le grand amphithéâtre Simone-Veil du splendide site universitaire de la Citadelle. Au premier rang desquels, pour le Président de l’Université de Picardie-Jules Verne (UPJV) Mohammed Benlahsen, la vice-Présidente (en charge de la vie étudiante et de la vie de campus) Virginie Le Men.
Université… et territoire
Cette dernière a rappelé en quoi son institution « devait constamment, et fermement défendre l’existence des valeurs de rassemblement, de partage, de mixité, de cohésion, de foisonnement de questions sur les objets les plus divers, de liberté de penser, de liberté d’expression », mais aussi faciliter l’expérience d’engagement des étudiants, « notamment à travers le mentorat proposé par l’Afev, qui offre un levier puissant de réduction des inégalités, tisse du lien entre les jeunes, entre les cultures, entre l’école et les familles », et permet aux mentors, à vrai dire, d’en retirer autant que les mentorés eux-mêmes.
Au point d’ailleurs « qu’un chantier important s’ouvre [à l’UPJV], en matière de reconnaissance de l’engagement étudiant. » Par ailleurs, soutenu par la Fondation UPJV, le programme Kaps a vu le jour à Amiens, lors de la rentrée 2020, « à la jonction des quartiers Saint-Maurice et Amiens-Nord », et la vice-Présidente a appelé de ses vœux son développement « sur les autres sites de l’Université : Creil, Beauvais, Soissons, Saint-Quentin et Laon. »
Représentant cette fois Brigitte Fouré, Maire de la Ville d’Amiens, son adjoint délégué au secteur Nord Jean-Christophe Loric a parlé de son territoire, constitué selon lui « des plus beaux quartiers, puisque ce sont ceux qui bougent le plus, ceux au sein desquels on trouve le plus de solidarité. » A l’entendre, « l’action de l’Afev a toute sa place à Amiens, et on a l’habitude de travailler ensemble : kapseurs, mentors, bénévoles, services civiques… » Ainsi, « sous toutes ces différentes formes d’engagement, ce que vous contribuez à faire, localement, c’est de recréer du lien, la capacité à communiquer, à se transporter d’un endroit à l’autre, et surtout de retrouver de l’estime de soi, de la confiance en soi. »
Un regard belge
Pour ouvrir cette première plénière, les organisateurs avaient par ailleurs proposé une carte blanche à Martin Casier, Député au Parlement bruxellois et au Parlement de la Communauté française de Belgique. Ce dernier a considéré le travail de l’Afev comme « extraordinaire, parce que les questions du lien, de la compréhension, du partage sont les éléments constitutifs de la vie en société, de la démocratie », surtout après deux ans de Covid et au moment où elles sont attaquées de toutes parts.
Il a ensuite braqué les projecteurs sur la situation des inégalités à Bruxelles (« 162 km2 pour 184 nationalités »), une « ville-monde qui est aussi la capitale de l’Europe, de la Belgique, de la Flandre qui ne supporte plus la Belgique, des Wallons qui ne supportent plus les Flamands... » Au moyen de cartes et de graphiques, il a démontré en quoi cette ville « parfaitement duale » se découpait entre « une partie Nord-Ouest qui subit une précarité absolument forte » et une partie Sud nettement plus privilégiée – avec un canal qui sillonne la ville en séparant "deux Bruxelles".
Ainsi, pour lui, « il y a une prédominance du socio-éco dans toutes les inégalités, et ce sont elles qui sont la source des autres inégalités. Et pas l’inverse. C’est sans doute le sens de toutes vos actions », comme de celles mises en œuvre par l’Université libre de Bruxelles : facilitation de l’accès à l’Université, accueil des migrants, mais aussi valorisation de l’engagement étudiant, « pour ne pas se dire que c’est l’institution qui doit être vecteur de l’engagement, mais que sont les étudiants eux-mêmes qui doivent trouver une manière de s’engager. »
François Perrin
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