Un lycéen sur trois est un lycéen professionnel. Si l’on ajoute aux 700 000 élèves en lycée professionnel les apprentis en CFA (Centre de formation d’apprentis), la « filière professionnelle » compte plus d’un million de jeunes. Tout le monde s’accorde sur le fait qu’il est nécessaire de « valoriser ces filières professionnelles » mais lequel de nos dirigeants serait fier de l'orientation de ses enfants ailleurs qu’en lycée général ? Dans l’ « ordre scolaire », le lycée professionnel peine encore à accéder à une égale dignité symbolique et effective par rapport au lycée général. En outre, le lycée professionnel est sociologiquement très marqué : il reste aujourd’hui, le lycée des classes populaires[1].Pour autant, le LP n’est pas cet espace de relégation ou de désolation qui est trop souvent décrit.
Selon notre étude Trajectoires-Reflex/Afev[2], la majorité des jeunes interrogés affirme que le lycée professionnel est mieux que le lycée général (54,5 %) et mieux que le collège (83 %). 70 % des jeunes interrogés ont le sentiment que leurs professeurs s’intéressent à eux. Ce qu’on leur enseigne au lycée professionnel est utile parce qu’ils apprennent un métier (71,5 %). Le lycée professionnel apparait donc comme un lieu de remédiation et de promotion voire d’émancipation scolaire et sociale. Surtout, la réalité de ces lycées est celle d'une institution en très forte mutation, véritable révolution à bas bruits opérée ces dernières années :
- La voie professionnelle apparait souvent comme peu choisie, pour autant, le nombre des bacheliers pro a doublé entre 1995 et 2014 ;
- La généralisation du bac pro en trois ans a participé de la requalification de cette filière pour les élèves et de leur famille ;
- Le lycée professionnel est aussi un laboratoire pédagogique, porté par des équipes souvent très fortement impliquées ;
- Enfin, l’offre des filières s’est considérablement diversifiée faisant du LP (lycée professionnel) une voie très hétérogène. Les élèves se destinent moins au métier d’ouvrier qu’à celui d’employé[3]. Et les disparités sont fortes entre filières ; à titre d’exemple les domaines de la petite enfance, de la coiffure de l’hôtellerie ou de la mécanique automobile… sont bien plus attractifs que le bâtiment ou la métallurgie.
- POUR UNE ORIENTATION POSITIVE EN LYCEE PROFESSIONNEL
- POUR UN ACCOMPAGNEMENT DES PARCOURS EN LYCEE PROFESSIONNEL
- POUR UNE INSERTION REUSSIE DANS LE MONDE DU TRAVAIL
- POUR UNE POURSUITE D’ETUDES FACILITEE POUR LES BACHELIERS PROFESSIONNELS QUI EN ONT BESOIN
- POUR UNE ARTICULATION ENTRE LYCEE PROFESSIONNEL ET APPRENTISSAGE
- Un accroissement de la connaissance de la réalité́ des entreprises en lycée professionnel pour les personnels de l’Education nationale et a contrario, une meilleure connaissance des diplômes et des formations par les entreprises ;
- Un renforcement de cohérence de l’offre de formation professionnelle territoriale. Comment, à l’échelle d’un territoire regrouper et coordonner des acteurs de la formation professionnelle, lycée professionnel / CFA, des Gretas, des établissements d'enseignement supérieur ? Les campus des métiers constituent un modèle intéressant ;
- Une réflexion sur une rétribution des périodes de stages pourrait être engagée pour permettre au lycée professionnel d’être attractif face à l’apprentissage et donner plus de valeur (symbolique et effective) aux périodes d’alternance en milieu professionnel par les jeunes en lycée professionnel.
- Le mixage des parcours et des publics :
[1] Aujourd'hui, 77% des enfants de cadres obtiennent un bac général et 9% un bac pro.
[2] « ETUDE EXPLORATOIRE SUR LES JEUNES SCOLARISÉS EN LYCÉE PROFESSIONNEL » auprès de 1042 jeunes en lycée pro UNAF, AFEV, Trajectoires Reflex, septembre 2013
[3] Les LP accueillent près de 54% des élèves dans les spécialités tertiaires, contre 46% dans les spécialités industrielles
[4]http://www.lemonde.fr/campus/article/2014/06/11/le-bac-pro-s-impose-comme-une-voie-d-acces-vers-le-superieur_4435881_4401467.html#h43KEw1fBJD5CCpC.99
[5] En 1985, l’apprentissage ne représentait qu’un quart des effectifs des lycées professionnels, aujourd’hui, il en représente plus de la moitié (400 000 sur 700 000).
Photo :
123RF/Nonwarit Pruetisirirot
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