"Mieux accueillir les jeunes dans le parc social" : retour sur le congrès de l'Union Sociale pour l'Habitat

Le 79e congrès de l'Union sociale pour l'habitat s'est déroulé à Marseille du 9 au 11 octobre sur le thème « Demain les HLM ». Ce thème s’immisçait dans le cadre de la réforme du secteur HLM souhaité par le gouvernement avec la création de la Réduction de loyer de solidarité (RLS) et le projet de loi Elan. L’Afev s’est évidemment intéressée à l’unique mais précieux débat sur l’accès des jeunes au parc social intitulé : « Mieux accueillir les jeunes dans le parc social » qui s’est tenu le mercredi 10 octobre au Parvis d’Actualités Habitat. C’est un enjeu important pour les organismes HLM qui essaient de se mobiliser pour trouver des solutions différentes et adaptées. Les intervenants Maryse Prat, directrice générale de La Cité Jardins, Guillaume Brugidou, délégué général de l’ALFI ainsi qu’Alain Wroblewski, responsable Marketing, Pas-de-Calais Habitat ont présenté, chacun, une photographie des produits et des services favorisant l’accueil des jeunes au sein de leur parc logement. Alfi est une association du groupe Arcade et elle a mené un travail avec ses ESH adhérentes pour apporter des réponses aux jeunes les plus précaires issus des quartiers prioritaires, faciliter leur entrée dans le parc social et travailler sur leur parcours résidentiel. Ainsi, Guillaume Brugidou, révèle qu’en moyenne, 67% de leurs jeunes accueillis ont la possibilité d’avoir un parcours de vie et résidentiel dans le parc privé ou social. Ce parcours est le fruit de l’établissement de conventions collectives de relogement signées avec les ESH du groupe et de l’accompagnement porté par les travailleurs sociaux de la structure Alfi en lien avec les responsables de résidence. Quant à Maryse Prat, elle précise que Cité Jardins, Entreprise Sociale pour l’Habitat, membre du groupe Action Logement, a travaillé sur la question du logement « abordable », accessible à tous les jeunes de tous profils, pour rester sur un loyer résiduel conforme à celui loyer du Crous. Ainsi, avec la collectivité, le Crous et Action Logement, ils ont co-construit un projet de 65 logements de 19m² tous équipés avec un loyer résiduel de 130 euros toutes charges compris avec connexion internet. Alain Wroblewski, poursuit le débat en expliquant la façon dont Pas-de-Calais Habitat facilite l’accueil des primo-locataires (jeunes de moins 30 ans, seuls ou en couple sans enfants) dans le parc social en diffus. Cette initiative s’est faite dans le cadre du programme « un jeune, un logement », un dispositif cofinancé avec le département du Pas-de-Calais. Aujourd’hui, 2/3 des jeunes se dirigent vers le privé pour un 1er logement, un travail a donc été fait sur l’image du logement social pour attirer les jeunes, la rapidité de la demande (réponse donnée en moins de 15 jours), le loyer comprenant toutes les charges et la simplification des démarches dans la gestion (le bailleur ouvre les compteurs, etc…). En plus du conseiller logement, les jeunes rencontrent systématiquement un conseiller social pour éviter les situations financières compliquées. Leur projet est de fidéliser ce public avec un véritable parcours résidentiel.

Quelles sont alors les clés de la réussite pour ces intervenants ?

Il est temps d’inventer de nouveaux partenariats (bailleurs, Crous, Mairie, Action Logement…) où chacun accepte de revisiter ses propres fonctionnements et d’appréhender les jeunes par « strate d’âges » de moins de 30 ans plutôt que par « statuts » (apprentis, étudiants, boursiers…) comme il est fait pour les séniors. Les gestionnaires doivent, par ailleurs, être plus flexibles pour assurer une gestion en flux et non pas en stock. La présence d’un gardien au sein des résidences est également primordiale dans la mesure où il a une véritable fonction d’accueil, de services et d’appui. Sur le plan politique, il est proposé d’inscrire dans les PLH cette réelle volonté pour le logement des jeunes. Il est souhaité que les pouvoirs publics soutiennent davantage les résidences sociales de jeunes par rapport aux généralistes. Sans oublier l’accueil des jeunes mineurs qui ne rentrent pas dans les circuits classiques ; l’enjeu est d’inventer de nouvelles structures adaptées à leur situation. L’aide à la pierre est également un élément important sur le montage de ces résidences sociales pour intégrer le coût des travailleurs sociaux au sein des équipes. Il s’agit, par ce biais, d’assurer le financement d’une plateforme et d’une équipe sociale pour accompagner les jeunes à l’entrée et la sortie du parc HLM. En outre, réagissant à la loi élan, il est demandé une exonération de la RLS pour les résidences collectives gérées par un organisme HLM ou une association et de pouvoir facturer les services. Enfin, un point de vigilance est porté sur la date butoir pour régulariser et repasser les logements sociaux existants en résidences universitaires. Pour conclure, quelques mots sont échangés à propos de l’étude menée par la commission de l’USH sur l’accès des jeunes au parc social et de ses principales conclusions. La problématique des jeunes pour les bailleurs n’est pas nouvelle… un seul chiffre, peut parler de lui-même : il y a 30 ans la part des jeunes de moins 30 ans représentait 24% du parc HLM, aujourd’hui, ce chiffre est réduit à 12% ! La demande des jeunes a totalement évolué, elle ne peut plus être banalisée dans les circuits de demandes traditionnelles du logement social : C’est une demande spécifique, volatile, avec des jeunes connectés et dans l’immédiat. La mission pour les acteurs du logement est désormais d’apporter une diversité de solutions et d’accepter de les déployer dans un même lieu. Doté d’une souplesse, cette démarche permettra au bailleur de pérenniser son système d’exploitation et d’avoir un équilibre économique. L’Afev, maintenant reconnue comme un acteur innovant dans le domaine de l’habitat jeune, poursuit  actuellement ses réflexions visant à trouver des solutions pour faciliter l’accès au logement des jeunes. Elle participe ainsi aux réunions de travail organisées par La Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) qui a identifié « la colocation » comme un sujet nécessitant un travail de capitalisation des bonnes pratiques en vue d’accompagner les acteurs dans sa mise en œuvre.   Marie-Lise BERTRAND, chargée de mission Afev Ingénierie logement    

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