C'est paré de la double casquette de premier vice-Président chargé des relations extérieures et de la communication de la FNCAS (Fédération national de conseil en action sociale pour l'enseignement supérieur et la recherche) et de vice-Président de l'Université de Bretagne occidentale (UBO), chargé des politiques sociales et culturelles, que Joël Guervenou revient sur l’abattage récent des grilles de l'Université de Brest.
Concrètement, comment s'est organisée votre initiative ?
Son coup d'envoi a été donné le 3 avril dernier, quand le Président de l'UBO Pascal Olivard a enfilé le bleu de travail, les lunettes et la disqueuse pour faire tomber la première grille de la faculté des Sciences, vite rejoint pour la seconde par des étudiants. L'Université a fêté ses 40 ans en 2011, et depuis sa fondation le campus était cerné de grilles posées sur un muret de 30-40 cm – un muret qui s'enjambe facilement. Restait à abattre les grilles, une opération symboliquement illustrée par deux artistes, Guillaume Duval et LucieOnTheMoon, auxquels nous avons confié l'habillage éphémère de ces grilles, et qui ont donc inscrit au gaffeur orange ce message à double sens : « La faculté de s'ouvrir ». Le travail est poursuivi aujourd'hui par les services espaces verts et techniques. Le chantier, prévu sur six semaines, visait en premier lieu la faculté des Sciences – là où les grilles étaient les plus hautes –, pour ensuite s'étendre aux autres parties du campus.Ceci s'inscrit-il dans une démarche plus large ?
Cette ouverture sur la ville via la suppression des grilles était inscrite dans notre Schéma directeur immobilier (SDI) validé en avril 2013, et avait été appelée de ses vœux par l'actuel président, en poste depuis mai 2007. Il s'agit à terme de réhabiliter progressivement le campus, une démarche qui passe en particulier par la création d'un cœur de campus, concentrant les services aux étudiants, à un quart d'heure du centre-ville – centre-ville qui accueille actuellement l'UFR Lettres et Sciences Humaines. Nous souhaitons en effet aménager ce grand campus et créer un nouveau quartier, et rendre ce dernier plus accessible aux piétons et transports doux... en attendant l'ouverture d'une deuxième ligne de tram joignant le dit campus à l'horizon 2020.Pourquoi cette initiative ?
L'Université ne peut ni évoluer ni travailler efficacement sans prendre en compte son territoire, à savoir non seulement les collectivités locales, mais aussi les petits commerçants alentours, ainsi que les voisins de l'Université qui se trouvaient confrontés à des désagréments de fait : hottes de chimie, places de parking... L'Université n'est pas toute seule sur le territoire qu'elle occupe, et nous sommes opposés à l'idée d'un ghetto protégé par des grilles. Comme l'a dit le Président : « L'entre-soi, c'est terminé. » Cela participe de l'ouverture des universités. Dans les faits, le quartier venait déjà naturellement à l'Université, notamment pour bénéficier de ses beaux espaces verts, avec les poussettes et boules de pétanque. Autant aller plus loin.Y a-t-il eu des précédents dans l'histoire de l'UBO ?
Il y a une quinzaine d'années, un projet de réaménagement de l'avenue principale s'était heurté à un véritable tollé. Je pense qu'à l'époque, les collègues n'étaient pas prêts. Mais traditionnellement, l'UBO implique fortement ses étudiants : nous avons 3 vice-Présidents étudiants, et d'anciens VP étudiants sont d'ailleurs devenus présidents depuis – les jeunes ont d'ailleurs été très impliqués dans ce SDI, et représentaient environ 60% des personnes présente ssur place le 3 avril.Comment va se poursuivre cette démarche d'ouverture ?
Par le développement de la carte multi-services, prévue cette année pour les personnels, et dès 2016 pour les étudiants, et qui devraient concentrer l'accès à la restauration, aux services de documentation (et à la reprographie), ainsi que l'accès sans clés à certains bâtiments (pour les personnels) et l'inscription en cours de validation à la carte bretonne des déplacements KorriGo. Nous nous sommes donné jusqu'au 30 juin pour envisager tout ce qui pourra être « embarqué » dans cette carte. Pour le moment, je reçois des retours très positifs de la part de lycéens, mais aussi d'habitants du quartier, et on constate déjà plus de monde sur les pelouses, y compris en interne : même les étudiants les occupent plus naturellement qu'autrefois, et nous comptons aussi sur l'effet « beaux jours » à venir... Propos recueillis par François Perrin Une contribution de l’Observatoire de la Responsabilité Sociétale des Universités www.orsu.frPartager cet article