Si on considère que les éléments constitutifs du climat scolaire sont multiples et surtout qu’ils interagissent les uns avec les autres, alors il est évident que l’influence qu’il exerce dans l’espace éducatif est importante. Nous savons que les personnes qui sont en situation d’illettrisme se souviennent longtemps, lorsqu’on les interroge, de tous ces facteurs qui sans être au cœur même de l’acte d’apprendre l’entourent et déterminent son efficacité. Le simple fait de ne pas se sentir bien, de ne pas être en confiance, de ne pas bénéficier, surtout lorsqu’on est en difficulté, de l’indispensable bienveillance peut contribuer à installer durablement chez l’enfant, le jeune un climat qui conduit régulièrement à l’échec.
Tous les acteurs du système ont une place, à la place qui est la leur. Tous les personnels d’un établissement contribuent par leurs actions, par leur posture à installer un climat qui facilitera plus ou moins l’épanouissement de chacun. Parmi ces acteurs, le chef d’établissement, dans cette position clé de chef d’orchestre que caractérise sa fonction occupe une place déterminante. Il est celui qui non seulement donne le ton, mais il est celui qui régule, qui s’assure de la durabilité des actions. Tous ces acteurs, y compris les élèves vivent dans un lieu qui doit être pensé, pour que toutes les bonnes intentions puissent être matériellement rendues possibles par l’adaptation des locaux. Les architectes des établissements scolaires ont bien compris l’importance qu’il y avait à concevoir des lieux accueillants où il fait bon vivre. Cet élément est essentiel et n’agit pas uniquement sur le confort, il s’agit bien de considérer l’influence éducative qu’exerce l’organisation de l’espace.
Mais c’est bien la question des interactions qui est au cœur de cette mécanique un peu complexe qui est celle du climat scolaire. La Journée du refus de l’échec scolaire (JRES) a déjà à plusieurs reprises mis l’accent sur ce point clé, notamment lorsqu’il a été question des alliances éducatives. En ce qui nous concerne, nous avons l’habitude de dire, en prenant appui sur le cadre national de référence de l’ANLCI que toutes les initiatives qui contribuent à la maitrise de la langue française et facilitent l’accès à la culture écrite, toutes celles qui donnent aux enfants le goût d’apprendre et la capacité à le faire participent à la prévention de l’illettrisme.
On comprend bien dès lors l’importance qu’il y a, pour installer durablement un climat scolaire facilitateur pour cette réussite attendue par tous et pour tous, à réunir tous les acteurs concernés pour agir. Et lorsque nous parlons de les réunir pour agir il s’agit bien d’une action pour faire, pour trouver des solutions, parfois simples, parfois tellement évidentes qu’on les néglige.
Nous considérons ainsi que certaines solutions que nous avons développées avec nos partenaires sont de nature à contribuer à améliorer le climat scolaire, ou plus exactement le climat de la scolarité. Il en va ainsi de la démarche des Actions Educatives Familiales, que l’AFEV a largement contribué à installer dans le paysage. En effet, permettre à des parents éloignés de la culture scolaire, en difficulté pour disposer de toutes les clés nécessaires pour accompagner la scolarité de leurs enfants, de retrouver leur place, de se sentir considérés, porteurs de compétences est un élément on ne peut plus déterminant si on veut améliorer le climat scolaire.
Il en va aussi des actions mises en place pour accompagner les centres de formation des apprentis afin que les jeunes en difficulté avec les compétences de base puissent retrouver l’envie d’apprendre, la motivation pour aller plus loin dans leurs évolutions professionnelles. Ces deux démarches que nous portons depuis de nombreuses années sont pour nous l’illustration de ce qu’il est possible de faire pour que améliorer durablement les conditions de l’apprentissage.
Notre contribution à cette dixième journée du refus de l’échec scolaire est importante. Nous fêtons ensemble évidemment un dixième anniversaire mais nous montrons à travers nos mobilisations respectives que face à ce défi, c’est bien cette méthode, qui consiste à s’appuyer sur toutes celles et tous ceux qui considèrent qu’ils ont leur part à prendre qui produit des résultats. Et nous serions tentés de dire que si l’amélioration du climat scolaire passe d’abord par un engagement collectif apaisé, construit dans la responsabilité partagée alors il faut encore poursuivre, persévérer et garder confiance.
Eric NEDELEC - Coordonnateur national de l’ANLCI (Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme)
www.anlci.gouv.fr
L’Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme (ANLCI) est une agence constituée sous la forme d’un groupement d’intérêt public qui assure une mission d’intérêt général. Elle réunit les décideurs et les partenaires de la société civile impliqués dans la prévention et lutte contre l’illettrisme pour leur proposer un cadre de travail commun : elle garantit la mesure de l’illettrisme dans la population (enquêtes nationales conduites en partenariat avec l’INSEE), elle coordonne les actions de prévention et de lutte contre l’illettrisme au niveau national et régional en réunissant les Préfets de Région, les Recteurs, les Présidents des conseils régionaux et départementaux autour de plans de lutte contre l’illettrisme et elle met à la disposition de tous ceux qui agissent des repères simples, des outils et des guides de bonnes pratiques pour les aider à bâtir des solutions efficaces. L’ANLCI fédère le collectif de 67 grandes organisations de la société civile.
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Contribution de l'ANLCI pour la 10ème Journée du refus de l’échec scolaire (JRES)
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