L’illettrisme est un sujet social particulièrement important, de par son ampleur (2 500 000 personnes concernées) et son impact humain. Il est aussi complexe à appréhender et à réduire, du fait même de l’isolement des personnes concernées et du manque de leviers directs dont disposent les pouvoirs publics pour agir avec ces personnes. Les demandeurs d’emploi sont en lien avec Pôle Emploi, les enfants en difficulté scolaire avec l’Ecole, les malades avec le système de soin, ce n’est facile pour personne mais les personnes en situation d’illettrisme font face seules et cherchent plutôt à cacher leur difficulté qu’a demander de l’aide. La nature même de cette difficulté, à savoir des personnes qui ont appris à lire, écrire, compter, souvent à l’école de la République et qui ont progressivement désappris, explique en partie cette stratégie d’évitement. Dès lors, l’Etat se devait de réinventer sa forme classique d’intervention (un problème/un service).
La création de l'Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme (ANLCI) s'est faite en 2000 sous la forme d'un groupement d’intérêt public dans le but de fédérer les moyens et les pratiques de tous les acteurs clefs de la prévention et la lutte contre l'illettrisme (Etat, collectivités, entreprises, associations....).
L'ANLCI a d'abord réalisé un indispensable et remarquable travail de définition (en mettant à mal quelques idées reçues comme, par exemple, le fait que les publics en situation d'illettrisme ne se concentreraient que dans les zones urbaines sensibles) et de mesure de la problématique.
Puis, l'agence a agi :
- en pensant la question de l'illettrisme en dynamique tout au long du parcours de vie et en accordant autant d'importance à la prévention de l'illettrisme dès la petite enfance qu'à la formation professionnelle en partenariat avec les branches professionnelles.
- En fédérant un réseau d'acteurs d'une impressionnante diversité. La baseline de l'agence est « réunir pour mieux agir » : la mobilisation de 64 grandes organisations nationales au moment de la grande cause nationale 2013 en a été une démonstration.
La baisse réelle de l’illettrisme en France démontre l’efficience des politiques publiques qui placent en soutien des acteurs et en créateur de liens et de sens entre eux.
Aujourd’hui se pose la question de l’évolution de la structuration de l’ANLCI. Quels que soient les choix qui seront finalement faits, nous ne pouvons qu'attirer l'attention sur la singularité des méthodes déployées par l’ANLCI. En effet, pour l’Afev, en tant qu’acteur de la prévention de l’illettrisme, le travail mené avec les équipes de l’ANLCI a été décisif pour notre compréhension de la problématique, pour la mise en place d’actions spécifiques, notamment les actions éducatives et familiales, et pour l’accompagnement de nos équipes de terrain. Ce travail d’accompagnement, d’écoute et de mise en dynamique de notre réseau est pour nous aujourd’hui très précieux.
Communiqué de presse de l'Afev du 28 novembre 2016
Crédit photo : ANLCI
L’Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme (ANLCI) est une agence constituée sous la forme d’un groupement d’intérêt public qui assure une mission d’intérêt général. Elle réunit les décideurs et les partenaires de la société civile impliqués dans la prévention et lutte contre l’illettrisme pour leur proposer un cadre de travail commun : elle garantit la mesure de l’illettrisme dans la population (enquêtes nationales conduites en partenariat avec l’INSEE), elle coordonne les actions de prévention et de lutte contre l’illettrisme au niveau national et régional en réunissant les Préfets de Région, les Recteurs, les Présidents des conseils régionaux et départementaux autour de plans de lutte contre l’illettrisme et elle met à la disposition de tous ceux qui agissent des repères simples, des outils et des guides de bonnes pratiques pour les aider à bâtir des solutions efficaces. L’ANLCI fédère le collectif de 67 grandes organisations de la société civile.
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