Alors que la crise a fragilisé notre système scolaire déjà tragiquement inégalitaire, il est plus que temps de secouer le monde de l’éducation, de repenser collectivement nos pratiques et de remettre le cap sur l’égalité. C’est ce que préconise le regroupement des organismes communautaires de lutte au décrochage (ROCLD) en soulignant la deuxième édition de la Journée du Refus de l’Échec Scolaire au Québec.
Malgré ces succès, le secteur de l’éducation reste profondément marqué par les inégalités. Un système d’éducation égalitaire signifierait que tous les jeunes aient le même accès à la scolarisation indépendamment de leur genre, de leur origine sociale ou ethnique, de leur lieu d’habitation, de leur handicap, de leur difficulté. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Qui plus est, la crise sanitaire a aussi été une crise éducative et a mis en exergue les gros défis qui subsistent en vue de permettre aux jeunes de développer leur plein potentiel. L’accès et la maîtrise des technologies informatiques restent largement insuffisants, bien qu’essentiels à l’éducation. Les diagnostics pour des troubles de santé mentale et la prise de médicaments sont en hausse constante et atteignent des niveaux alarmants. Finalement, en amont et en périphérie de ce système, les inégalités socio-économiques constituent toujours le premier facteur de décrochage. Il est donc plus que jamais impératif de veiller au grain, notamment quant à la capacité du système d’éducation à lutter contre l’exclusion sociale.
Les inégalités ne sont pas un coup du sort et découlent de nos choix collectifs.
Élèves, enseignants, professionnels, personnels de soutien, parents, communauté, nous avons tous notre rôle à jouer. À fortiori, les événements exceptionnels peuvent être des opportunités de transformation sociale et dépendent de la réponse qu’on leur apporte. Les solutions efficaces sont en fait connues : il faut s’attaquer aux causes sociales et structurelles !
Miser sur l’égalité des chances voudrait donc dire améliorer les conditions de vie des familles défavorisées pour permettre à un maximum de jeunes de poursuivre leur scolarité du bon pied ; mettre fin à la ségrégation scolaire ; veiller à ce que tous les jeunes aient accès à un appareil numérique branché à internet ; garantir un accès gratuit et universel à des services de soutien psychosociaux alternatifs à la médication pour tous les jeunes et leurs proches.
Miser sur l’égalité, c’est également valoriser les liens de collaboration entre l’école, les familles et la communauté. C’est donner les moyens aux organismes communautaires de lutte au décrochage, alliés des écoles, de soutenir la réussite éducative et scolaire des jeunes et d’accompagner ceux qui ont décroché.
En tant qu’espace où s’incarne l’éducation dans une société, l’école devrait être organisée en fonction des principes d’égalité.
Le 23 septembre nous soulignons en France et au Québec la Journée du Refus de l’Échec Scolaire. Pour l’occasion, nous lançons un appel à l’action aux citoyens et au gouvernement pour que la valeur d’égalité soit replacée au cœur de notre système d’éducation.
Mélanie Marsolais,
Directrice générale du Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage
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