JRES (2) - CAPPRIO, contre la fracture numérique

Le 20 septembre prochain, l'Afev organise la 9ème édition de la Journée du Refus de l’Échec Scolaire (JRES) - en partenariat avec Trajectoires-Reflex et de nombreuses organisations. Cette journée, accompagnant la publication d'une enquête exclusive, sera consacrée à la question du numérique, conçu à la fois comme un levier de lutte contre les inégalités à l'école et un outil « d'empowerment » des individus. Car si le numérique a désormais bel et bien investi nos vies de tous les jours, comme celle des supposés "digital natives", il n'en demeure pas moins intimidant, et discriminant pour ceux qui n'y ont pas accès ou n'en maîtrisent pas l'usage. Afin d'anticiper les débats et découvertes qui marqueront cette journée, le Lab'Afev tenait à diffuser quatre articles (le premier ici, le troisième ici, le quatrième ici), permettant de découvrir des intervenants que vous retrouverez le 20 septembre au cours du débat de la Journée du refus de l’échec scolaire. Pour plus d’informations sur la journée : www.refusechecscolaire.org

Utiliser le numérique comme levier d’insertion sociale et professionnelle ? C’est le pari fou qu’ont fait Simplon.co et l’Afev, accompagnés par une dizaine de structures, en lançant le programme CAPPRIO (CAPacité pour les PRIOritaires) au début de l’année 2016. L’objectif est simple : former plus de 20 000 jeunes de 16 à 24 ans, issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville, sans emploi et/ou sans formation, aux métiers du numérique et à l’animation numérique.

Autour de la table, on retrouvait un melting pot d’acteurs du numérique, de l’éducation populaire, d’associations, ou de structures universitaires : Simplon.co et l'Afev, bien sûr, mais aussi OpenClassrooms, Les Petits Débrouillards, Universcience, Cap Digital, Unis-Cité, la Fédération des Centres sociaux de Seine-Saint-Denis, l’INRIA, le CRI, Le Mouves). En 2015, tous avaient fait le même constat : le fossé en matière d’équipements informatiques tend progressivement à se résorber, plus de 75% des jeunes étant connectés selon l'Insee, mais de nouvelles lignes de fractures apparaissent socialement et géographiquement quant aux usages du numérique (insertion professionnelle, démarches administratives en ligne, achats en ligne, mobilité, etc.)
Or les quartiers prioritaires catalysent ces inégalités : selon la synthèse de la journée organisée le 14 décembre 2012 par le Centre de ressources et d'échanges pour le développement social et urbain (CR-DSU), 38% des personnes sans diplômes étaient internautes, contre 95% des diplômés du supérieur ; quant aux personnes disposant d'un revenu mensuel inférieur à 900 euros, elles étaient 56% à l'être, contre 95% de celles gagnant plus de 3 100 euros par mois. La même synthèse précisait aussi : "Dans les quartiers en politique de la ville, (...) les inégalités numériques se manifestent, pour une partie de leurs habitants, par un déficit d’usage et, pour une autre partie, par un usage dont les internautes ne tirent que de faibles bénéfices en termes d’insertion sociale. Le risque est celui d’un accroissement des inégalités sociales dans une société où de plus en plus de services, marchands ou non, et d’administrations se restructurent pour s’orienter vers des usagers dont l'on suppose qu’ils sont connectés. Ces inégalités numériques peuvent en effet se traduire, pour des personnes se trouvant déjà dans des situations socialement difficiles, par des difficultés d’accès aux droits, d’accès aux services administratifs, par des freins à la participation citoyenne, et in fine par un renforcement du sentiment d'exclusion." Parallèlement, l’apprentissage du code à l’école se démocratise, confirmant la nécessité pour les jeunes générations de comprendre ce qui se passe derrière l’écran.

Un programme contre les inégalités

Face à ces besoins, le programme CAPPRIO s’attache à former des jeunes issus de quartiers prioritaires aux métiers du digital (le développement web, l’intégration web) et à l’animation numérique. L’impact recherché est double : la formation de jeunes à des métiers d’avenir - susceptible de faciliter leur insertion professionnelle -, et la sensibilisation des enfants aux techniques de programmation informatique. Ceci passe par des cours en ligne, disponibles sur la plateforme d’OpenClassrooms (sur le parcours Prenez en main le pouvoir du numérique) et traitant de notions très techniques comme les différents langages de programmation (HTML, CSS, Java, JavaScript, Ruby, Ruby on Rails, etc.), et des méthodes visant à animer des ateliers à destination d’un jeune public autour de l’impression 3D, des objets connectés ou encore de l’identité numérique. Le dispositif propose aussi des formations en présentiel, qu’il s’agisse de modules de plusieurs mois "apprendre à coder" dispensées par Simplon.co à la Cité des Sciences (Paris XIXème), ou de modules de quelques jours proposées par Les Petits Débrouillards pour apprendre tous les rouages de l’animation d’ateliers numériques ("Comment donner envie d’apprendre à travers l’expérimentation ?" "Comment animer un atelier de sensibilisation au code sans ordinateur ?" "Comment créer son premier jeu vidéo ?"). L’enjeu du programme CAPPRIO est également d’aller plus loin, via la diffusion de cette nouvelle culture numérique auprès du plus grand nombre. Pour cela, un "Tour du Code" est organisé chaque année. Le principe est simple : aller de ville en ville, de quartier en quartier, afin d'expliquer ce qu’est le numérique, de proposer des démos, de présenter les formations qui existent, mais aussi de sensibiliser l’écosystème local comme les élus et les associations de quartier.

Les volontaires en résidence de l’Afev formés à l’animation numérique

C’est au cœur de la fabrique Simplon.co à Villeurbanne qu’une dizaine de jeunes de 16 à 24 ans, volontaires en résidence avec l’Afev, ont ainsi été formés à l’animation numérique le 10 mai dernier dans le cadre du dispositif CAPPRIO. Cette formation, animée par Julien Rat des Petits Débrouillards, avait pour objectif de faire découvrir des ateliers d’initiation à la programmation à destination des plus jeunes et d’outiller les participants à leur animation. Ils ont ainsi pu comprendre comment faire découvrir les notions de programme, de langage, de conditions, de boucles au travers d’activités débranchées ou grâce à des logiciels ludiques et accessibles comme Scratch. "La formation offre une palette d’outils pédagogiques pour animer plusieurs séquences selon les affinités de chacun pour tel et tel outil", explique Julien. Les participants ont ensuite mis en oeuvre leurs nouvelles compétences au sein de leurs établissements d’accueil. Simon témoigne : "Cette expérience a été très enrichissante et cela m’a permis d’animer des ateliers originaux pour la fin de mon volontariat. J’ai eu la validation du chef d’établissement pour faire 4 ateliers pour une soixantaine d’enfants." Juliette Guillaut pour Simplon Pour retrouver les autres articles liés à la JRES :

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