Îlot Saint-Joseph de Roubaix : refaire (l’)Union

Le 19 octobre dernier, au cœur de la ZAC de l’Union à Roubaix, un groupe fourni d’acteurs et parties prenantes s’était réuni pour célébrer ensemble la pose de la première pierre d’un complexe immobilier particulièrement original, situé à l’intersection des quartiers Campus Gare, Union et Lainière. Un projet imaginé dès 2014, et qui devrait ouvrir ses portes à la rentrée 2023.

Cerné d’acteurs économiques locaux (Kipstadium, Vinci, Grain de malice, La ruche de l’Union) et à proximité immédiate à la fois de la voie rapide, des lignes de métro et de deux des six sites d’excellence de la Métropole européenne de Lille (MEL) – le CETI pour le textile innovant et Plaine Images pour le jeu vidéo -, l’Îlot Saint-Joseph accueillera à l’horizon 2024 un programme de logement particulièrement diversifié, ainsi détaillé par Nathalie Meunier, Présidente de la société de promotion Name Immobilier : un hôtel de 90 chambres (doté de commerces en rez-de-chaussée), une résidence jeunes actifs (149 T1 équipés et un logement de fonction T3) et un logement coliving (proposant 21 logements jeunes, de 3 à 6 places pour 81 espaces privatifs, et 5 logements pour familles monoparentales de 8 à 12 places, soit 21 espaces privatifs insérés en trois "plots" centraux). Sans oublier, bien sûr, l’aménagement paysager, qui doit contribuer à atteindre l’ambition partagée par tous les partenaires impliqués : favoriser mixité sociale et solidarité entre publics.

D’un projet à sa concrétisation

Tour à tour, et après s’être prêté au jeu d’une cérémonie d’apposition des mains sur des plaques de céramique (qui seront ultérieurement intégrées aux différents bâtiments), tous les acteurs impliqués ont pu s’exprimer, au micro ou de manière plus informelle, pour faire part de leur enthousiasme, comme de l’effervescence collective générée par la concrétisation à venir de discussions passionnées. Pour Name Immobilier, Nathalie Meunier a insisté sur la dimension "co-construction" du projet, avant de revenir sur sa genèse : en 2014, un concours lancé autour d’un projet hôtelier, avec la SEM Ville renouvelée, la MEL et la Ville de Roubaix, qui désigne le cabinet néerlandais OIII Architectes ; puis un long travail de réflexion débouchant, en 2016, sur une idée alternative au logement classique – le coliving. Soit « un produit neuf, avec des cibles clientèle identifiées : jeunes de moins de 30 ans – alternants, salariés, étudiants, recherchant la vie en communauté ; familles monoparentales… tout ceci complété par une résidence pour jeunes, assurant ainsi une mixité au sein de l’îlot. » Dès lors, « cette aventure s’écrit grâce à un enchaînement de contacts et de mises en relation » : en 2018, Nicolas Delesque, aujourd’hui Président de Résid Up, rapproche alors Name Immobilier de Clésence, une filiale d’Action logement ici représentée par sa Présidente Pascale Sebille, son Directeur général Eric Efraïm Balci et la Directrice de Clésence AlterEgo Véronique Binet. Si la première parle à ce sujet d’une « belle histoire », concomitante à « la création en septembre dernier de la marque AlterEgo, qui vise à imaginer et co-construire des habitats sur mesure pour des parcours de vie singuliers, des solutions à vivre résolument ancrées dans notre réalité d’aujourd’hui, et conçues pour durer demain », la dernière souligne que « ce projet répondait à un besoin, celui de loger des jeunes alternants, étudiants, mais aussi des personnes qui viennent en stage pour une courte durée », ainsi que des publics en recherche parfois urgente de logements sur le territoire.
Quant au Directeur général de Clésence, il insiste sur l’intérêt « d’accompagner les individus dans leurs parcours de vie, y compris les plus difficiles », et indique que pour ce faire, Clésence s’est récemment spécialisé dans la création de « synergies, d’interactions entre les différents publics et les associations, en faisant ainsi appel à des personnes et institutions qui disposaient déjà d’une expertise ciblée. » Le tout non plus pour « cloisonner les demandes, mais viser, comme ici, la cohabitation des publics. » Ce qui le rend fier, aujourd’hui ? « Que Clésence porte, avec [ses] partenaires, une bonne partie du dispositif. » Au point, d’ailleurs, que des projets comparables, de mixité de populations, ont été mis en place par cette Entreprise sociale pour l’habitat (ESH) par exemple à Amiens, et sans doute prochainement avec la Métropole européenne de Lille.

La construction… et le reste !

Ainsi, dès 2023, la résidence jeunes actifs sera gérée par l’association Arpej – représentée ici, notamment, par sa Directrice générale Anne Gobin, soucieuse « d’accompagner les jeunes dans cette période d’accès à l’âge adulte, avec un personnel sur site très attentif – d’autant qu’une résidence ne doit pas être Fort Knox, mais bien un lieu de vie ouvert vers l’extérieur. » Le coliving, quant à lui, sera géré par Résid Up et animé par les étudiants en colocation solidaire (kaps) de l’Afev, à proximité immédiate des familles monoparentales accompagnées par Fraveillance.
Entre tous ces acteurs, « il y a eu une réflexion sur la gestion et non pas simplement sur la conception du projet », comme ils l’ont collectivement rappelé, du Directeur général de l’Afev Christophe Paris à son Délégué régional Cédric Laigle, de Nicolas Delesque pour Résid Up aux jeunes présents eux-mêmes, dont Mouna (« ce projet permet d’accroître l’attractivité de Roubaix chez les étudiants, qui voudront y habiter parce que ce sera agréable, plein de jeunes aux profils différents ») et Awal (« Cela va permettre aux jeunes de s’investir, de créer de nouvelles opportunités et de se découvrir – alors que nous sortons d’une période où nous avons dû stagner »), étudiants roubaisiens en Service civique.
En parallèle du travail "physique" des entreprises de construction, depuis cet automne s’ouvre une période de consultation des jeunes comme des habitants du quartier, déjà nourrie par une étude réalisée par l’Afev, commanditée par Action logement Hauts-de-France et présentée ici par Luc Debeunne, membre de son comité régional.
Le tout, comme l’a précisé le conseiller municipal de Roubaix Pierre-François Lazzaro, en charge de la jeunesse et de la vie étudiante, pour que ce projet puisse « lier le temps d’avant et les projets d’après, dans un quartier qui est un mélange d’installations marquantes de l’Histoire et d’acteurs nouveaux »… au sein d’une Métropole dont la vice-Présidente, Anne Voituriez, a conclu les allocutions en se livrant à un éloge des chantiers : « Un chantier qui vit, c’est toujours une promesse de construction, surtout au sein d’un territoire qui se rénove complétement » - et répond entièrement aux orientations du PLH-3 (2022-2028). Ainsi, l’Union pourrait-elle, bientôt, n’avoir jamais aussi bien porté son nom ?
 

François Perrin

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