Ces 30 dernières années, la part des jeunes dans le parc social a été divisée par deux, passant de 24% en 1984 à 12% aujourd’hui alors que les besoins sont croissants. Comment favoriser l’accès des jeunes au logement social ? Comment proposer une offre adaptée ? Françoise Goineau, directrice des produits spécifiques chez Espacil Habitat, bailleur social qui a développé depuis plusieurs années une offre de logement spécifiquement destinés aux jeunes, nous en parle dans cette interview.
Selon vous, quels sont les enjeux actuels en matière de logement des jeunes ?
Les jeunes, dans leur pluralité de situations et de parcours ont des besoins en logement caractérisés par deux phénomènes, la mobilité et la précarité : mobilité géographique liée aux études et/ou à l’emploi, précarité et faiblesse des ressources. La plupart des jeunes se logent dans le parc privé, sous différentes formes, en location, colocation, sous-location, à condition d’avoir des garanties suffisantes et souvent au prix d’un loyer engloutissant plus de la moitié de leur budget.
Par ailleurs, la part des jeunes dans le parc social a été divisée par deux ces 30 dernières années, passant de 24% en 1984 à 12% aujourd’hui, alors même que leurs ressources continuent de diminuer et que leurs besoins de mobilité augmentent. On observe également un phénomène croissant de nécessité de disposer d’une double résidence, notamment pour les apprentis et les étudiants en alternance. Le logement social doit continuer de développer une offre de logements et de services adaptés aux attentes des jeunes sur l’ensemble des territoires où les besoins sont prégnants.
En quoi le logement des jeunes diffère-t-il du logement social classique pour un bailleur social ?
La réponse du bailleur social doit être ajustée à différents niveaux si elle veut être entendue, visible et saisie par les jeunes. En matière de communication tout d’abord, faire connaître notre offre de logement auprès des jeunes suppose d’aller là où ils sont : sur le Web bien sûr, mais également sur les campus, dans les salons étudiant, les centres d’apprentissage, etc. en lien avec nos partenaires. Il faut également adapter le langage.
En matière de gestion, la volatilité de la demande de logement formulée par les jeunes suppose d’être très réactifs et de simplifier au maximum les process. Ils doivent avoir accès à l’offre en ligne, pouvoir choisir un secteur géographique, formuler leur demande en ligne, la consulter, la modifier, la suivre… Cela suppose d’être bien référencé sur la toile, de disposer d’un site internet simple et ergonomique qui permette au jeune de faire toutes ces démarches simplement et dans un temps court.
Enfin, en matière d’offre de logements, il s’agit d’être en phase avec les attentes des jeunes : de vrais logements (et non des chambres) équipés, confortables, et au loyer modéré incluant les charges pour faciliter la gestion de leurs budgets. Des services partagés (wifi, laverie, etc.), des lieux de convivialité, un environnement agréable. Et le plus important, une proximité immédiate des transports, essentielle pour accompagner la mobilité des jeunes aussi bien vers leur lieu d’études que vers leur lieu d’emploi.
Espacil accueille des Kolocations à Projets Solidaires (KAPS) dans ses logements en Bretagne et en région parisienne. C’est, à ce titre, un partenaire incontournable de ce dispositif. Quel regard portez-vous sur les KAPS ?
Les KAPS apportent un vrai plus pour les résidences et quartiers au travers des projets menés par les jeunes étudiants avec les habitants : du lien social, de la convivialité qui contribuent à améliorer le vivre ensemble. Pour les jeunes également, cette expérience est très bénéfique dans leur parcours de citoyen, en plus de leur permettre de se loger à un prix modéré. Ils vivent au cœur de quartiers et apprennent à donner du temps au bénéfice des autres et notamment des plus démunis. C’est une expérience qui contribue à approfondir leur maturité et qu’ils peuvent valoriser pour faciliter leur accès à l’emploi.
En raison de ce double bénéfice, il est intéressant de multiplier ce type de projets d’habitat, notamment dans les quartiers prioritaires, là où toutes les initiatives citoyennes sont particulièrement précieuses.
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