Le mal logement n’est pas simplement lié au manque de logement, telle est l’analyse posée par la présidente du Conseil national de l’Ordre des architectes, Catherine Jacquot, dans une interview sur le site de l’Humanité.fr
A la lecture de cette interview, la question urbaine, qui préfigure toujours le type de ville et d’habitat dans lequel nous voulons vivre, ne doit pas se résumer à une vision quantitative. Il faut bien évidemment répondre aux besoins exprimés par nos concitoyens. Car le logement est un droit fondamental. Pour cela, il faut imaginer une politique de l’offre conséquente mais aussi faire valoir une dimension qualitative de l’habitat. Chacun a en tête les effets déflagrateurs que nous subissons encore aujourd’hui, des politiques d’urbanisation massives qui ont généré la constitution d’immenses zones périphériques de logements verticaux en marge du cœurs des agglomérations. L’architecte, tout comme le promoteur, l’élu local et l’habitant ont désormais un rôle à jouer pour rendre le lieu d’habitation d’une personne viable. En écho des préconisations formulées par Catherine Jacquot, Umberto Napolitano nous présente dans une courte vidéo une expérience novatrice en matière d’architecture participative. Son agence, LAN (Local Architecture Network) considère que le métier d’architecte se conçoit au croisement de plusieurs autres disciples aux confins des sciences sociales et de l’urbanisme. L’originalité de ce projet réside dans le fait que ce sont les clients, futurs habitants de ce quartier d’Hambourg, qui sont les aménageurs. Ils ont choisi eux-mêmes leur architecte et conçu avec lui les espaces publics et l’organisation fonctionnelle et spatiale de leurs appartements.
Du social avant l'urbain
Chaque logement est pensé pour répondre à des besoins spécifiques. Ceci est une réponse aux offres parfois bien trop standardisées de la promotion immobilière. A travers ce type de réalisation c’est une conception nouvelle de la ville que défriche Umberto Napolitano. En démocratisant l’architecture il opère un renversement de perspective permettant au modèle social d’un quartier de précéder le modèle urbain. Ainsi, la morphologie, les usages futurs publics et privés du quartier sont conçus par les habitants eux-mêmes dans le cadre d’une démarche dynamique de démocratie participative. Cela implique la prise en considération de nouvelles pratiques et des changements de comportementaux sociaux des futurs résidents. Ceci constitue le socle d’une intelligence urbaine collective qu’il faut promouvoir. C’est le sens de l’interpellation de Catherine Jacquot qui nous alerte sur le risque de standardisation de l’offre de logements face à la diversité des besoins. Une société qui se transforme doit prendre en compte les mutations de l’habitat. C’est le lien qu’une personne entretien avec son territoire de vie et c’est le premier endroit où se construit la dignité d’une personne. En plus de droits sociaux nous devons revendiquer des droits spatiaux !
Jérôme Sturla
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