par Hélène Mouchard-Zay
Après avoir rapté avec cynisme le concept de laïcité pour en faire une machine de guerre contre les musulmans, voilà que Marine le Pen, dans son programme, ose invoquer le nom de Jean Zay , citant une phrase de la circulaire signée par lui en 1936, qui interdit tout signe politique dans les établissements scolaires.
Mais sait-elle pourquoi Jean Zay réaffirme avec force dans cette circulaire le devoir de laïcité dans les établissements scolaires ? Ceux en effet qui, dans les années 30, menacent la laïcité, ce sont essentiellement les ligues d’extrême-droite qui, pour détruire la République, maintiennent l’agitation dans les établissements scolaires et cherchent à y introduire leur propagande, par toutes sortes de ruses : tracts, recruteurs, enrôlement, etc. C’est contre les menées de ces ligues que Jean Zay veut protéger les enfants, et par la protection de la loi . L’année suivante, il rappelle que l’interdiction vaut aussi pour les propagandes confessionnelles. : « Aucune forme de prosélytisme ne saurait être admise dans les établissements… » .
Loin de prôner une « neutralité » qu’invoque M. Le Pen, Jean Zay appelle les enseignants à la mobilisation pour la défense de la République et les valeurs qui la fondent . S’il refuse tout militantisme politique, idéologique ou religieux dans l’école, c’est au nom des valeurs qui fondent la République et que combat au contraire M. le Pen : il veut une école qui apprenne à juger par soi-même et non à applaudir des hommes – ou des femmes – providentiel(le)s. Il veut une République ouverte, fraternelle, solidaire, qui n’exclut personne en raison de ses origines ou de sa religion, et dont le fondement est une école qui accueille tous les enfants, quels qu’ils soient, et qui tente de les ouvrir au monde.
En 1940, c’est cette même extrême-droite qui accueille comme une « divine surprise » (Maurras) l’accession au pouvoir, grâce à la victoire de l’Allemagne, de Pétain et de ce régime qui va s’empresser de mettre à mort la République, avant d’engager les persécutions contre ceux qu’il désigne comme « l’anti-France ». Ses journaux, en particulier Gringoire et Je Suis Partout, ne cessent pendant toute l’occupation d’alimenter la haine contre les juifs et les résistants et Jean Zay, depuis toujours détesté par l’extrême-droite, continue à être l’une de leurs cibles principales. La milice s’engage activement dans cette chasse à mort contre les juifs et les résistants. Cette même milice qui assassinera Jean Zay en 1944 …
Le FN est l’héritier historique de cette extrême-droite française, maurassienne et pétainiste. Il ne s’en est jamais démarqué, et chacun peut constater l’inspiration maurassienne des idées qu’il développe.
Texte d'Hélène Mouchard-Zay, fille de Jean Zay
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