En comparant l'organisation du temps libre, de la vie familiale et le soutien scolaire dont bénéficient les enfants des quartiers de l'éducation populaire par rapport à ceux des quartiers de centre ville, l'enquête Afev-Trajectoires lève le voile sur des pratiques différenciées et ses effets sur les résultats scolaires.
Du temps libre qui s'occupe différemment...
- 37% enfants en éducation prioritaire partent pendant les petites vacances contre 73% pour les enfants de milieu social plus favorisé
- 35% enfants en éducation prioritaire fréquentent les musées avec leurs familles contre 76% milieu social plus favorisé
- 52% enfants en éducation prioritaire pratiquent un sport en club contre 79% pour les autres
- 44% enfants en éducation prioritaire se voient offrir des livres par leurs parents, contre 67% milieu social plus favorisé
- 47% enfants en éducation prioritaire lisent le soir avant de s’endormir contre 77% milieu social plus favorisé, ils vont être en revanche plus nombreux à regarder des DVD (55% contre 37%)
Les familles des enfants des secteurs de l’éducation prioritaire sont moins que les autres le lieu privilégié de mise en lien avec les ressources culturelles extérieures. Les enfants sont moins mobiles, ils partent moins en vacances et en week-end. Lorsqu’ils partent, ils découvrent moins souvent des lieux différents. Ils profitent également moins que les autres de sorties culturelles dans la ville, ou des activités encadrées (sportives /culturelles). Il y a moins de livres chez eux, et ils lisent moins. Les enfants qui ont l’habitude de partir le week-end participent plus facilement en classe (76% contre 59%) sont aussi ceux qui comprennent plus souvent ce qu’il leur est demandé de faire en classe (77% contre 65%). Les enfants qui ont l’habitude de lire le soir avant de s’endormir sont aussi ceux qui comprennent mieux ce que l’enseignant leur demande en classe (81% contre 63%), de même que ceux qui pratiquent un sport (78% contre 66%) ou une activité artistique encadrée (81% contre 69%). A noter aussi que oarmi les enfants en éducation prioritaire 10% à 20% d’entre eux semblent dans un état de dénuement culturel particulièrement important. Ceux-ci disent ne jamais partir en vacances (12%), n’être jamais allés à un spectacle, dans un musée ou au centre-ville (10%, 9%, 8%), n’avoir pas du tout de livre à la maison (19%), n’avoir jamais reçu un livre en cadeau (20%), etc.
Un environnement familial plus ou moins propice aux devoirs
- 51% enfants en éducation prioritaire se couchent avant ou aux alentours de 9h le soir lorsqu’il y a école le lendemain contre 71,5% milieu social plus favorisé
- 63% enfants en éducation prioritaire ont une télévision dans leur chambre, contre 27,5% milieu social plus favorisé
- 54% enfants en éducation prioritaire prennent systématiquement leur petit-déjeuner avant de partir à l’école, contre 82% milieu social plus favorisé
- 55% enfants en éducation prioritaire déclarent avoir au moins 3 frères et sœurs, 15% milieu social plus favorisé
- 71,5% des parents milieu social plus favorisé aident souvent leurs enfants à faire leurs devoirs, c’est le cas de 58,5% enfants en éducation prioritaire
- Quand ils ont besoin d’aide sur leurs devoirs (incompréhension) ils sont 92% en milieu plus favorisé à pouvoir se faire aider par leurs parents contre 61 % des enfants en éducation prioritaire.
Cette étude confirme que le travail scolaire au domicile est particulièrement discriminant et cristallise les inégalités ; les enfants scolarisés en secteur d’éducation prioritaire pouvant beaucoup moins que les autres compter sur l’aide de leurs parents dans la réalisation de leurs devoirs et se retrouvant bien plus souvent seuls face à leurs incompréhensions. . Le noyau dur des enfants en grande fragilité : 15% se couchent après 23h alors qu’ils ne sont qu’au CM1 / CM2, 13% ne prennent jamais de petit-déjeuner le matin avant de partir à l’école 13% disent n’être jamais aidés par quelqu’un en cas d’incompréhension.
Pas le même vécu à l’école
L’ensemble des enfants aime globalement aller à l’école (76 enfants de secteurs prioritaires contre 80%). Les enfants de secteurs prioritaires tout comme les autres se considèrent majoritairement comme « moyens » à l’école (54% contre 55%), ils sont plus nombreux à se classer dans le groupe des moins bons (10% contre 5%) et légèrement moins nombreux à se classer dans les très bons (37% contre 40%).
En revanche les enfants en éducation prioritaire sont plus nombreux à ne pas du tout aimer l’école (12% contre 6%), ils s’y ennuient plus ( 29% contre 15%) et disent souvent ne pas comprendre ce qu’on leur demande de faire en classe (37% contre 17% milieu social plus favorisé+).
De façon plus surprenante les enfants en éducation prioritaire ont beaucoup plus confiance dans leurs capacités à réussir le collège que les autres enfants (50% contre 35%). Cette posture optimiste atteste sans doute d’un manque de connaissance du fonctionnement du collège, et une faible anticipation des difficultés qu’il faudra affronter. Cette rupture au collège est soulignée par les enfants eux-mêmes dans notre baromètre 2013 où 60% des enfants de primaire déclarent aimer « beaucoup » aller à l’école mais ne sont plus que 16% du côté des collégiens. Enquête réalisée en mai / juin 2014 auprès de 633 enfants de CM1 et CM2 scolarisés dans des écoles des quartiers de l’éducation prioritaire et des écoles de centre-ville ou d’autres quartiers aux indicateurs socio-économiques plus favorables
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