De la ville intelligente à la ville apprenante, from smart city to smart citizens !

Le Lab’Afev était présent à l’European Lab Forum organisé à Lyon les 7, 8 et 9 mai dernier. A cette occasion la conférence « From smart city to smart citizens », animée par l’universitaire néerlandais, Martijn de Waal, a traité des enjeux masqués de la smart city. Les échanges ont mis en lumière une face cachée de la ville intelligente qui favorise l’émergence d’un nouveau monde urbain concevant la ville exclusivement comme un écosystème de collectes de données. Alimenter cette dynamique de développement des smart cities peut conduire, selon plusieurs intervenants, à déresponsabiliser et fragiliser l’autonomie des citoyens. En effet, cette emprise du digitale véhicule une culture algorithmique qui repose sur trois paradigmes d'optimisation des usages de la ville : la consommation, le contrôle et la capillarité. Ceux-ci renvoient à trois enjeux socio-politiques qui traversent le débat public : la marchandisation des données, la préservation de la vie privée des individus et le risque de constitution de communautés socialement homogènes. Cette situation impose que les pouvoirs institutionnels, locaux et nationaux,  imaginent des instances de régulation capables d’appréhender le « back-office » de la smart city afin de réguler ses usages. Ce constat plaide pour l’émergence des « smart citizens » afin de permettre aux dynamiques citoyennes, individuelles et collectives, de se saisir de cet univers technologique. Ainsi, grâce à la transformation digitale, les villes du futur doivent aussi permettre l’échange de connaissance et la co-construction des espaces urbains. En ce sens, les initiatives grecques et néerlandaises, présentées par Anthi Christou – Communications manager at Resilient Athen -  et Charlot Shans – Project leader, program maker at Pakhuis de Zwijger - sont illustratives de mouvement innovants et créatifs qui stimulent l’initiative citoyenne. La technologie, via des plateformes numériques, est mobilisée comme un outil d’amélioration du bien-être, dans des domaines aussi variés que l’emploi, l’urbanisme, la culture, l’écologie… Dans ces deux cas de figures, les villes d’Athènes et d’Amsterdam soutiennent des processus de dialogues et de constructions de projets qui émanent de l’imagination et de l’engagement des communautés locales. La réussite de ces projets repose sur une implication des parties prenantes, avec une forte relégation de l’idéologie vis à vis d’une culture « du faire » qui s’appuie sur l’organisation de « dialogues », plus que sur des « discussions ». Au regard de ces différents constats, Michel Lussault – directeur de l’Ecole Urbaine de Lyon - appréhende la smart city comme une « boite noire et non comme un concept ». Cet univers numérique émergent impose, selon lui, « de ne pas réduire le citoyen à un usager technologique ». La question sociale, au sens large, doit prendre en compte la capacité d’agir des citoyens. Michel Lussault introduit l’idée phare de « Learning cities ». Cette ambition recouvre le fait que l’espace public est « apprenant ». Les expériences de la ville sont un apprentissage car tout le monde « apprend de son expérience et de l’expérience des autres ». Il considère que dans un monde de mobilité, nous sommes tous des passants et de ce fait, chaque habitant est acteur de l’institution publique. Pour cela, il faut, désormais, inventer de nouveaux points de contacts entre « l’ascendant et le descendant », entre le « nomade et le sédentaire » mais aussi entre le « centre et la périphérie ». Les exemples des plateformes urbaines d’Athènes et d’Amsterdam apparaissent comme des premières réponses. Elles traduisent la nécessité de concevoir une « ingénierie du point de connexion » entre les collectifs de citoyens et les représentants des institutions urbaines. Ceci relève d’un véritable enjeu démocratique. En effet, au delà de l’outil numérique, il apparaît incontournable d’intégrer la connaissance produite par les collectifs de citoyens organisés sur les territoires. Tout comme les acteurs institutionnels de la démocratie représentative ils apparaissent, de plus en plus aujourd’hui, comme des « faiseurs de villes ». Jérôme Sturla, Directeur du Lab’Afev

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