Condé-sur-l’Escaut (59) : « Le partenariat s’est construit d’une superbe manière »

Depuis 2018, la ville de Condé-sur-l’Escaut (commune de la Communauté d’agglomération Valenciennes Métropole) en région Hauts-de-France a noué un partenariat solide avec l’Afev pour accompagner les jeunes en difficulté scolaire, via un mentorat assuré par des lycéens. Une dynamique bien ancrée aujourd’hui. Trois questions à Céline Demonchaux, adjointe au maire chargée des politiques éducatives et sportives, qui a eu l’occasion de découvrir ces actions sur le terrain.

Comment s’est faite la rencontre entre la ville et l’Afev ?

Céline Demonchaux : C’est parti d’un constat très simple. Notre centre social faisait déjà du soutien scolaire, dans deux écoles du centre-ville – celles qui sont proches de la rue de la Chaussiette. Mais nous nous sommes rapidement rendu compte que deux autres écoles étaient plus mises de côté. Le but, pour nous, c’était vraiment de trouver une solution pour accompagner un maximum d’enfants sur les quatre écoles de la commune. Et c’est là que nous avons eu un premier contact avec l’Afev, via le Programme de Réussite Éducative (PRE). Notre coordinatrice éducative Peggy Croguennec, qui intervient auprès des enfants suivis dans le cadre du PRE, avait eu connaissance de ce que faisait l’Afev, et c’est par le service Jeunesse que le lien a été fait. Il me semble que cela remonte à 2018.

Ensuite, il y a eu des rendez-vous pour évaluer la meilleure manière que nous pourrions trouver pour fonctionner ensemble. Ainsi, nous avons tout de suite mis en place une vraie coopération entre les équipes pédagogiques des écoles concernées, nos services jeunesse, et l’Afev. Le partenariat s’est construit d’une superbe manière : franchement, tout a été fait dès le départ pour bien encadrer les enfants et les accompagner au mieux – le recours à l’Afev est d’ailleurs inscrit aujourd’hui dans les fiches politiques de la ville ! Et ce qui m’a marqué, c’est que cela a vraiment été bien accueilli - même si, au départ, il y avait un peu de réticence chez certaines familles qui ne savaient pas trop à quoi s’attendre. Mais ça s’est vite mis en place.

Qu’est-ce que ce mentorat a apporté aux enfants et aux jeunes mentors ?

CD : Au tout début, ce sont des lycéens qui étaient mentors auprès de collégiens. Et ce format a vraiment bien fonctionné, y compris pendant le Covid. Parce que nous avons pu continuer malgré tout, ce qui a permis de maintenir un lien scolaire… alors que ce n’était pas évident pour tout le monde. Il y avait des enfants qui n’avaient pas le matériel nécessaire, ou pas forcément les compétences pour gérer l’informatique, l’Espace numérique de travail (ENT)… Là, le mentorat a vraiment été une solution. Franchement, il a été super, ce mentorat-là. Il a été plus que bénéfique pour nos élèves, parce que ça leur a évité de décrocher.

Nous avions plus de 20 jeunes concernés à l’époque, et aujourd’hui encore, nous sommes autour de 20 enfants accompagnés, avec une quinzaine de mentors. Ce qui est génial, c’est que l’on a parfois plus de mentors que de jeunes à accompagner. De mémoire, si j’ai 10 enfants demandeurs d’un soutien, j’ai 15 lycéens motivés pour être mentors ! Cela permet de faire de l’individuel, et s’avère vraiment très bénéfique.

Ce qui me touche aussi beaucoup, c’est de voir l’engouement des jeunes mentors. En sortant de leurs cours, ils pourraient rentrer chez eux, mais non : ils vont aider les petits copains dans les écoles. Franchement, c’est incroyable de voir autant de générosité et de partage. Et je pense que pour eux aussi, c’est valorisant. Il y en a qui me disent : « Je sers à quelque chose. » Ce n’est donc pas qu’un accompagnement scolaire, mais aussi une prise de conscience, un engagement citoyen.

Et du côté des enfants, ce que l’on entend, c’est qu’ils se sentent plus en confiance. Ils disent que le cadre est agréable pour faire leurs devoirs, pour apprendre. Ce n’est pas l’école au sens strict, avec la pression du programme. C’est plus léger, mais tout aussi important. Et ça leur permet d’avancer, d’évoluer, sans ce stress. On voit aussi qu’il y a une vraie relation qui se crée entre le mentor et le jeune. Et ça, ça change tout.

Et demain ? Quelles sont vos envies, vos objectifs pour ce partenariat avec l’Afev ?

CD : Mon souhait, dans l’idéal, ce serait que chaque enfant qui éprouve des difficultés puisse être accompagné. Mais si nous pouvions atteindre 25, voire 30 enfants sur les deux écoles sur lesquelles l’Afev intervient, ce serait déjà énorme. Cela correspondrait en moyenne à une quinzaine d’enfants par école, et sincèrement, cela ferait la différence. On sait que chaque enfant que l’on accompagne, c’est un enfant qui ne passe pas à travers les mailles du filet.

Après, nous avançons aussi en fonction de nos capacités à encadrer, bien sûr. Et il faut que les familles adhèrent. Au début, ce n’est pas toujours évident : il faut expliquer, rassurer. Mais aujourd’hui, ça va mieux. Cela fait plusieurs années que l’on travaille avec les mêmes écoles, les mêmes équipes : il y a une continuité. Et puis, désormais, grâce à une action tenue dans le temps, il y a toujours un copain, un frère, une sœur qui est passé par là. Ce qui aide forcément à lever les freins…

Nous gardons donc les deux mêmes écoles pour l’instant, parce que les deux autres sont couvertes par l’action du centre social, qui fonctionne bien. On ne veut pas couper ce qui marche ! Mais le partenariat avec l’Afev est bien installé, il est solide... et surtout, il est complémentaire de ce que font les enseignants, de ce que fait l’école.

Enfin, je trouve que ce partenariat est aussi précieux pour les jeunes qui s’engagent. Aider un enfant, ce n’est pas rien. Ce n’est pas toujours facile, mais c’est un vrai travail. Et quand on voit les progrès des enfants, même quand ils sont minimes, c’est une réussite. Il y a des enfants qui, parfois, se trouvent nuls sur toute la ligne, au démarrage. Et puis, un jour, ils progressent. Et ça, les mentors savent le voir, savent le valoriser. C’est cela aussi, la magie du mentorat !

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