Le climat scolaire, notion développée assez récemment dans notre système éducatif, est une métaphore éclairante pour appréhender la manière dont les personnels et les usagers ressentent et vivent leur établissement scolaire. Cette notion couvre cependant tellement de champs que sa compréhension est difficile : parle-t-on de l’ambiance d’un établissement scolaire, tempête pendant les moments de crise ou embellie à la rentrée ? Le climat scolaire est-il le dernier avatar de tous les plans violences qui se sont succédé pour se transformer en un « paternalisme climatique » nécessaire dans les banlieues difficiles ? Une méthode de travail aux domaines bien repérés, avec un vocabulaire d’experts : enquêtes de victimation, justice restaurative, cercles de responsabilisation ?
C’est en tout cas un processus « interactif et complexe des liens entre les différentes dimensions du système. Aucun élément pris isolément ne peut expliquer la qualité du climat d’un établissement et en même temps, agir sur des aspects qui, au départ, semblent sans rapport avec un effet bénéfique », selon Marie-Odile Le Masson.
En effet, l’éducatif, le pédagogique, le relationnel, l’expression de la justice interagissent étroitement : chacun de ces éléments est repérable dans l’action présentée, mais ne peut être isolé sans qu’il y ait perte de sens. Cause et conséquence fonctionnent en chaine et en boucle.
Dans les écoles primaires, les collèges, les lycées généraux ou professionnels, les acteurs avancent patiemment, se trompent, rectifient l’action, rencontrent des résistances mais continuent jusqu’à enclencher des spirales vertueuses où ils embarquent, étape après étape, les acteurs de l’établissement : nous assistons parfois à des renversements de situation dans les établissements, du marasme total à une éclatante réussite, en particulier celle des élèves, y compris ceux en difficulté.
Le climat scolaire suppose le très fort engagement des personnels, dont les formateurs qui les accompagnent pour améliorer les conditions de vie et de travail de chacun : bienêtre, bienveillance, confiance, sérénité, coopération, réussite, retrouve-t-on souvent dans les textes, mais aussi exigence, clarté, organisation précise, discussion professionnelle, cohésion collective.
Seulement voilà. En plus de l’engagement, le climat scolaire requiert de chacun des participants une forte expertise, en rupture avec le fonctionnement actuel de la majorité des établissements : des personnels à l’écoute de leurs élèves, des parents ; un fort travail en équipe ; une direction moteur, centrée sur le pédagogique ; des personnels enseignants et d’éducation qui ont des compétences en communication non violente, pédagogie coopérative, conduite de réunion, démarche de projet d’établissement, évaluation, etc.
Faut-il vraiment s’accrocher à un modèle de fonctionnement aussi complexe, difficile, pas toujours bien compris, avec des risques de blocages et de découragements, sans les dispositifs de formation nécessaires ? Ou alors, dans un système éducatif en crise, peut-on le comprendre comme la préfiguration d’un système plus efficace, où les professionnels vont devoir changer de posture et les établissements utiliser pleinement leur marge d’autonomie ?
Avant-propos du n° 523 des Cahiers pédagogiques de septembre 2015 – « Le climat scolaire », par Michèle Amiel et Thomas Dequin
Contribution CRAP-Cahiers pédagogiques pour la 10ème Journée du refus de l’échec scolaire (JRES)
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