Le climat scolaire est constitué d'éléments qui interagissent les uns avec les autres et mêlent des aspects pédagogiques, éducatifs, relationnels, tant entre les élèves qu'entre les adultes, et bien sûr entre élèves et adultes. L'enquête sur ce sujet menée par l'Observatoire universitaire international de l'éducation et de la prévention (Oueip) en 2013-2014 auprès d'un échantillon d'établissements parmi lesquels 8 Espi (Etablissements scolaires publics innovants), a montré que dans ces derniers, la qualité du climat scolaire apparaissait significativement supérieure à celle des établissements traditionnels.
Peut-être faut-il chercher dans le mode de fonctionnement de ces établissements quelques éléments de compréhension d'une telle différence.
Ce sont souvent des structures de taille modeste dans lesquelles le nombre d'élèves et d'adultes permet une certaine proximité et une (re)connaissance plus rapide de chacun par les autres. Cette proximité entre les différents acteurs présents dans ces établissements est renforcée par un partage des espaces plus important que dans les établissements traditionnels, avec certainement moins de cloisonnements entre ceux destinés aux jeunes et ceux qui seraient « réservés » aux adultes. On y vit et on y travaille ensemble. Le partage des espaces favorise aussi les échanges entre élèves de différents niveaux, sans figer personne dans une case prédéfinie par l'âge, le statut...
Les changements de rôle et de place concernent aussi les adultes qui ne sont pas seulements définis par leur fonction officielle (enseignant, personnel d'éducation,...) mais aussi selon la tâche qu'ils sont amenés à effectuer à un moment donnée, notamment dans l'accompagnement des élèves (rôle du tuteur ou du référent, élément essentiel dans ce type d'établissement) ou bien pour le fonctionnement même de l'école, puisque ces structures ont mis en place des formes de cogestion avec rotation des tâches « administratives », de gouvernance partagée et des modalités différentes d'implication des élèves dans la vie des établissements. La circulation de la parole, institutionnalisée dans des moments et des espaces bien identifiés, ainsi que sa prise en compte (celle des élèves comme celle des adultes), y est donc primordiale.
Se cotoyer et travailler ensemble sans se limiter à des rôles définis une fois pour toutes permet de développer une meilleure connaissance de l'autre, d'accepter sur soi un regard que l'on sait, parce qu'on l'expérimente, bienveillant, de pouvoir oser davantage.
Au delà de ces quelques aspects, il semble indéniable qu'il existe un effet de structure, une cohérence globale qui réunit toutes les composantes du climat scolaire : l'organisation de l'emploi du temps, les initiatives pédagogiques, la mise en place d'instances de parole, l'acceptation par les enseignants de modifier leur rapport à leur métier, de considérer chaque jeune dans sa globalité, rendent ceux-ci plus actifs de leur scolarité et plus autonomes dans leur construction.
A cela s'ajoute pour les équipes pédagogiques une autonomie certaine, plus ou moins importante selon l'histoire propre de chaque établissement, mais qui donne de l'espace pour construire, essayer, proposer, s'interroger sur la manière dont on travaille, bref, se donner les moyens d'agir sur son propre environnement de travail de manière à répondre au mieux aux besoins des jeunes.
Catherine NOYER, Présidente de la Fespi
Contribution de la Fespi pour la 10ème Journée du refus de l’échec scolaire (JRES)
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